Article publié le 19 septembre 2013
Proverbe chinois : Les réflexions qui descendent dans le cœur, mènent plus loin que celles qui vont au bout du monde.
Utilise-t-on notre cerveau ?
Ce titre répond à une image qui traîne sur FaceBook ou ailleurs :
à laquelle j’ai réagi en la transformant :
Pour être utilisable un objet doit être manipulable par une volonté quelconque. Ce n’est pas le cas du cerveau (sauf peut-être chez certains individus qui demeurent des exceptions je pense). Penser par exemple n’est pas utiliser son cerveau pour quoi que ce soit, mais simplement utiliser à bon escient sa faculté passive.
Voyons cela.
J’utilise mes muscles sans peine si j’arrive à les mobiliser. Si mon annulaire a eu le tendon extenseur rapidement déchiré, je vous assure par expérience qu’après cicatrisation j’ai un mal fou à retrouver l’énergie de redresser ma dernière phalange, ce n’est pourtant pas l’envie qui me manque !
Mais ce n’est pas en disant « je veux » que ça marche… mes nerfs dits moteurs ont donc besoin d’un moteur… moteur qui n’est que moi sans doute, et plus certainement : Moi !
Substance nerveuse
Le cerveau ne « s’utilise » pas… il assume sa fonction en se passant de notre intervention, sinon ce serait terrible… on y mettrait un sacré chaos !
Contrairement à un outil, il est davantage une sorte de nœud centralisateur dont la fonction est utilisée par notre être pour la perception, toutes les perceptions (notre être n’est pas notre conscience mais prend conscience par son potentiel nerveux (pour ne pas dire seulement cervical) de son organisation corporelle et de ce qui l’entoure…).
Le cerveau n’est pas localisé dans le crâne, ses extensions nerveuses font indéniablement partie de lui (observons la contraction de nos orteil quand on pense »fort »…). Il est partout, comme le sang dont le réseau est concentré au niveau du cœur, le système nerveux possède une sorte de nœud : le cerveau.
Le cerveau est réactif, primaire : cause / effet quasiment mécanique. Je dis quasiment car il ne s’agit pas du tout de mécanique (contrairement aux muscles qu’on peut à la limite voir comme actionneurs des mouvements mécaniques possibles de notre squelette). Le cerveau « travaille » davantage comme un … miroir :
- cause = un truc se passe
- effet = le reflet perçu de la chose nous invite à modifier notre comportement en fonction d’autres trucs aussi reçus.
Mais qui modifie ? Et bien, c’est celui qui se comporte… : le moi.
Étudier les effets des stimuli périphériques sur les zones cervicales ne devrait paraître cohérent que si, en même temps, on étudie ce qui se passe dans la zone périphérique de la stimulation. Mais bon, on stimule l’œil (ou le pouce) est on regarde ce qui se passe dans le cerveau pour dire voici le centre de la vision (ou du toucher)… c’est incohérent. On comprendrait alors que l’on ressent en même temps un contact au bout du pouce, mais aussi au pied et dans le dos, qu’on sent une odeur et qu’on voit du bleu : le cerveau nous offre une perception non pas globale mais commune de ces diverses sensations et permet à notre être de réagir en conséquence de cette image globale, le moi compte sur lui pour faire une sorte de synthèse qui sans lui deviendrait impossible et le disperserait (le moi).
On ne passe pas seulement notre temps à réagir, on a aussi besoin de faire, de bouger, de savoir qu’on maîtrise un peu notre vie… Notre intention sollicite la faculté de réflexion du cerveau, mais lui ne saurait être actif quoi qu’en pensent les partisans de ce qu’on appelle les nerfs moteurs, nerfs qui sont censés solliciter les muscles par excitation électrique sous les contraintes d’un pilotage cervical (unité centrale voire processeur !) mais restent assez flou quant à une existence flagrante (voir wiki pour plus de renseignements).
[Bien lire le petit paragraphe : « La plupart des nerfs étant mixtes, c’est-à-dire à la fois moteurs et sensitifs, les nerfs exclusivement moteurs sont des exceptions. Il s’agit, pour les nerfs crâniens, des nerfs oculomoteur, trochléaire, abducens, accessoire et hypoglosse ; pour les nerfs spinaux, du premier nerf cervical seulement. Tous les autres nerfs sont sensitifs ou mixtes.« ]
Nerfs moteurs stricts
Voyons cela de plus près. En fait les nerfs moteurs, si on veut absolument utiliser cette analogie mécaniste, sont surtout basés sur les effets apparemment mobilisateurs que recèlent certains nerfs.
Le nerf oculomoteur assure la protection de chaque oeil suite à une division en deux branches :
- La branche supérieure va donner des rameaux pour innerver le muscle releveur de la paupière ainsi que le droit supérieur,
- La branche inférieure va donner des rameaux pour innerver les muscles droit médial, droit inférieur et oblique inférieur. [wiki nerf oculomoteur]
Le nerf trochléaire innerve en particulier le muscle oblique supérieur de l’œil (ou grand oblique). [wiki nerf trochléaire]
Le nerf abducens contrôle essentiellement le muscle droit latéral de chaque œil. Il permet le mouvement du regard vers l’extérieur (abduction) d’où son nom. [wiki nerf abducens]
Le nerf accessoire innerve le muscle sterno-cléido-mastoïdien et le faisceau supérieur du muscle trapèze. [wiki nerf accessoire]
Le nerf hypoglosse est moteur pour les muscles de la langue. [wiki nerf hypoglosse]
Curieusement, les moteurs stricts concernent tous la tête qui manque nettement d’autonomie tant elle dépend du trône sur lequel elle est installée !!!
Ce qui bouge de la tête oeil, langue, mâchoire inférieure et cou supportant la tête (via le nerf accessoire avec lequel on mobilise aussi les oreilles, le nez sans que pour autant cette mobilisation (accessoire…) ait une fonction voilà ce que concernent les nerfs moteurs, pas autre chose.
Je parlais bien entendu des moteurs stricts.
Pourquoi des nerfs strictement moteurs consacrés à la mobilité oculaire et à celle de la tête et la langue ?
Le terme nerf moteur lui-même est un peu un contre-sens. Disons qu’on reconnait la substance du nerf dit moteur comme étant du tissu nerveux. Les nerfs « strictement » moteurs contrôlent des mouvements incroyablement faibles : prenons par exemple conscience du mouvement oculaire en centrant notre regard sur un point situé à 5 m dans un premier temps et en déplaçant le regard pour un autre point situé à 5 cm. Le champ parcouru représente 0.573 °, soit un peu plus de 1/2 degré… La finesse du mouvement ne saurait être prise en compte par un simple nerf comme ceux que nous avons dans la main, même en motricité fine ! Et l’œil sait faire encore mieux (voir plus bas) !
Quant à la langue, le détail d’une motricité est pour moi beaucoup plus flou en tant qu’innervation de ce muscle… La langue doit-elle « toucher » avec finesse ? Les papilles gustatives répondent-elles seulement si elles sont sollicitées activement ? C’est curieux…
Nerfs sensitifs stricts
Les nerfs sensitifs stricts sont les nerfs olfactif, optique et vestibulo-cochléaire au niveau de la tête et le cinquième nerf sacré avec son voisin immédiat le nerf coccygien au niveau de la terminaison de la moelle épinière.
Le nerf olfactif est une protubérance du cerveau, un point de contact direct (sans interface) entre le monde extérieur et le cerveau.
Le nerf optique ne peut tolérer aucune intervention possible de la part de l’être qui l’abrite ; il reçoit la couleur et son intensité.
Le nerf vestibulo-cochléaire assure une perception de l’équilibre grâce aux canaux semi-circulaires, et une perception auditive grâce à la cochlée.
Le 5e nerf sacré et le nerf coccygien émergent ensemble tout à la base de la colonne vertébrale et innerve la zone périnéale (apparemment le coccygien n’est là que pour causer des douleurs… s’il est atteint [http://clement.ad.free.fr/fac/gyneco/roneogyneco2perinee.pdf]
Ces nerfs strictement sensitifs sont rassemblés en deux endroits extrêmes de la moelle épinière :
- ceux de la tête émergent juste à la base de la masse cervicale grise, donc au plus haut possible au-dessus de l’occiput (base du crâne, début du rachis),
- ceux du bassin émergent juste au plus bas de la coupe formée par les iliaques et le sacrum c’est-à-dire entre sacrum et coccyx, coccyx qui sert d’ancrage du plancher périnéal. Le coccyx nous précise wikipédia serait indispensable pour un maintien et un équilibre sur le plan vital.
Voilà que le plus haut et le plus bas joue de concert à propos de l’équilibre !!! Étonnant, non ?
Pourquoi des nerfs strictement sensitifs consacrés à la perception du monde extérieur sous forme d’odeur, couleur et son, et de soi au sein de ce monde par le biais de l’équilibre ?
La logique du nerf est totalement respectée dans cette histoire-là. Un nerf est utilisé pour la perception. Il pourrait paraître curieux que le goût ne soit pas affirmé dans la série mais cela se comprend dans le sens où les autres odeur couleur son et perception de son propre équilibre ne font intervenir… aucun muscle et que le gout au sens strict (pas les arômes volatils) sont limités au système digestif extrêmement riche en muscle (la langue mais aussi la périphérie de la partie haute du tube digestif (gorge, œsophage et estomac) qui est certainement à prendre en compte (rejet : réaction physique entraîné par une perception au-delà du sens local de la bouche), on perçoit le goût jusqu’à l’estomac (en recrachant la nourriture goûtée dans la bouche on comprend vite que le fait de déglutir est bien plus important que celui de … mâcher, c’est frustrant de ne pas avaler, de ne pas goûter au-delà du simple apport masticateur.
[Autant pour moi et avec mes excuses : nous avons d’autres nerfs sensitifs stricts (merci à mon kiné avec qui nous échangeons bien).( Je n’ose plus dire les seuls qu’) il faut rajouter les nerfs cutanés des membres supérieures et inférieurs. Cela me soulage en fait d’une question que je n’avais pas formulée : Notre nature perceptive est extrêmement étendue : pourquoi alors si peu de sensitifs stricts ? ajout du 8 octobre 2013]
Ceci dit, l’intervention de mon kiné n’annule pas ce qui suit… et enchainait auparavant avec le dernier paragraphe avant cette note.]
Pourquoi des nerfs ?
Un nerf est un outil de perception (le manche du marteau fait partie du marteau …) ; c’est un outil plus ou moins localisé de soi, ou des effets du monde sur soi ou encore du monde purement extérieur. Dans le dernier cas il faut des organes des sens très spécialisés et localisés aux extrémités nerveuses. Toutes les perceptions, de soi et du monde, sont centralisées car il n’est pas question que mon petit doigt sentant une chaleur trop vive qui le navire des endormis qui n’ont rien perçu… Cette centralisation se fait sous la voûte crânienne, là où tout est fermé où plus rien n’a accès directement à l’extérieur. Je vois mal comment quelque chose ouvert sur l’extérieur pourrait nous offrir un perçu qui nous concernerait, dans lequel nous nous sentirions concernés.
On n’a pas un seul muscle dans la boite crânienne car là on a rien à faire c’est la grande scène du monde où tout est reproduit, imagé. La brûlure perçue au petit doigt est une perception qui se fige en représentation, donc en image, car le cerveau n’est pas concerné par la brûlure, il ne brûle pas, lui.
L’œil
Le cas le plus parlant en tant qu’organe des sens est celui de l’œil (à mon sens…) dans lequel on ne voit pas deux sens différents pourtant bien réels !
L’œil perçoit la couleur, la vue est faite pour ça, mais il ne perçoit pas … la forme, le nerf optique n’a rien à voir avec la forme. La forme est perçue avec l’œil comme avec la main : en bougeant ! Et ce qui perçoit la forme est lié à tous ces nerfs dit strictement moteurs qui œuvrent autour de et pour l’œil. Car cela ne vous aura pas échappé :
l’œil (organe) concentre des nerfs sensitifs stricts et moteurs stricts.
Il conviendrait de réaliser que outre nos 5 sens (audition, goût, toucher, odorat et vue), il y a aussi celui de la forme qui est très actif dans l’œil.
On a bien sûr la tendance à parler du sens de la chaleur et de celui de l’équilibre mais assez timidement, la vulgarisation n’évoquant que les 5 sens pour je ne sais pas quelle raison ! Concentrez-vous sur votre perception des formes et vous constaterez que vous avez un sens propre de la perception des formes : par exemple on perçoit la forme des caractères des captchas des formulaires internet (bon il faut avouer que parfois c’est tellement douteux qu’on se trompe !).
Nous voilà donc déjà avec 8 sens bien posés (les 5 + forme, chaleur et équilibre). Je ne m’étendrai pas ici sur le sens de la perception de son propre état de santé ou de vie, mais pensez-y : nous avons le moyen de nous sentir bien ou mal, troublé.
Ces impressions de notre propre corporéité sont heureuses (même si elles sont désagréables parfois). Je me suis déchiré un tendon, je n’ai rien senti… Un sens de mon état de vie, mon sens de ma vie disons physique, ou en corps de ma vie physiologique, ne touche pas l’arrière-plan presque seulement mécanique du tendon (et heureusement car sinon on aurait des sensations extrêmement confuses de notre propre position dans l’espace, position tout aussi perçu à travers notre équilibre, notre toucher (pesanteur), notre ‘forme’).
En voici donc déjà 9 avec ce sens de la vie individuelle qui concerne notre relation au monde autant qu’à nous-mêmes. Renommons-les :
- audition, goût, toucher, odorat et vue
- équilibre, chaleur, forme
- vie
L’œil dessine en permanence. En permanence il parcourt se qu’il voit, il bouge ; essayez de regarder fixement, vous comprendrez sans aucune peine… voir ceci par exemple :

Cette image comme des milliers d’autres ne nous incite pas à penser que nos sens nous trompent, comme l’a annoncé Kopernic pour nous faire croire (ou plutôt comprendre et accepter) que c’est la terre qui tourne autour du soleil.
Non, ce genre d’images doit nous amener à penser exactement le contraire : dans ce que nous percevons nous devons nous oublier pour nous absorber dans ce que nous souhaitons percevoir ‘objectivement’. Autrement dit nous devons stopper notre jugement ( » Ce ne sont pas nos sens qui nous trompent mais notre jugement. » Goethe), faire taire ce qu’on pense de ce qui devrait être… Et cela jusque dans la pensée contrairement à ce qu’évoque Descartes car si je veux être, je ne peux pas penser (il suffit de voir l’effet de la digestion sur l’activité intellectuelle pour comprendre !). [En fait le plus célèbre cartésien qui fut voulait sans doute dire que puisque il percevait qu’il pouvait avoir une activité pensante, alors il savait ou se doutait qu’il existait… Steiner est à ma connaissance le seul qui ait osé mettre en doute cet adage de Descartes.]
Notre perception nous entraîne à réagir, ou à négliger. Ce que l’on perçoit de nous ou du reste du monde doit pouvoir nous atteindre pour que nous sachions quoi faire de ce qui se passe autour ou en nous. Mais qui est ce nous ??? C’est le « Je » de chacun, cette intimité qui se situe au-delà du ressenti, dans la plus pure objectivité qui soit (le bon terme serait subjectivité !!!), c’est le « Je » qui est souvent masqué par le « je » quotidien qui lui ne souffre pas ce qui ne s’accorde pas avec ce qu’il pense, croit, croit penser ou croit savoir, qui se croit sujet.
En science, la relation du chercheur avec l’objet de sa recherche passe par le « Je » (enfin, devrait passer par la « Je »).
Pour plus de renseignements sur les sens je vous dirige volontiers vers Albert Soesman : Les douze sens. Porte de l’âme, ou encore Rencontre avec les douze sens de Philippe Perennès.
Malgré le résumé un peu fumeux donné dans le synopsis des livres, le texte est une invitation magistral à s’ouvrir bien au-delà de l’aspect purement réducteur d’une certaine mécanisation des sens ! En gardant sa faculté de jugement on ne peut être que véritablement toucher par ce que disent Soesman ou Pérennès (et d’autres auteurs qui reprennent ce thème élargi des sens humains).
Présence cardiaque
Le cerveau ne s’utilise donc pas, il est un outil qu’on ne peut pas vraiment saisir et il doit rester le miroir le plus neutre, le moins déformant possible : il vaut donc mieux qu’on ne le saisisse pas… Laissons-le faire ce qu’il a à faire pour nous offrir une image synthétique du monde et de notre relation à lui.
Par contre, le cœur (muscle rouge strié, tout en apparence du muscle volontaire) s’utilise ou, plus précisément, peut être utilisé. C’est quasiment impossible tant que muscle alors que les membres sont eux utilisables à « volonté » sauf chez le paralytique qui même en l’absence de brisure, de rupture nerveuse n’arrive pas, tout simplement, à les mettre en œuvre.
Le cœur, plus central que le cerveau est pour moi le véritable pilote de nos actes. Il perçoit l’équilibre entre notre ressenti (ce qui passe par les sens intérieurs et extérieurs et compose nos impressions) et l’action à mener, c’est-à-dire qu’il favorise les actes. La peur par exemple saisit tout le système cardiaque et le système sanguin. Se dominer est parfois un tour de force et cela passe par une baisse du rythme cardiaque accéléré par apaisement du souffle : nous sommes loin du cerveau qui ne peut alors que constater son impuissance à gérer le problème mais nous informe sans doute ou parfois trop de l’insécurité dans lequel il se trouve…
Pour gérer nos actes, on n’utilise pas la partie musculaire du cœur, celle qui est tournée en tant que muscle vers l’extérieur [1], mais la partie qui lui fournit le rythme, partie qui donc domine le muscle et l’asservit de manière presque totalement indépendante de notre volonté. Cette partie « subtile » est plus ouverte à ce qui vit dans notre conscience, elle-même plus subtile que notre … viande qu’on aimerait bien bouger mais qui n’obéit pas toujours volontiers. Cette partie subtile est plus proche de nos impressions causées par nos perceptions du monde extérieur ou intérieur (dans ce cas, le corps est traité comme une chose extérieur) que ne l’est le cerveau qui reste insensible pour lui-même, mettant toute la sensibilité dont il est capable au service de l’être, de la manière la plus neutre possible comme le fait un miroir (tiens, au fait, ces nerfs n’ont -ils pas un aspect argenté ??? et en plus ils servent de conducteur !… l’analogie est sans doute trop grosse pour être prise au sérieux.)
Le cerveau est comme un miroir que l’émotion ferait onduler. L’émotion c’est le pavé dans la marre qui trouble la surface rigoureusement efficace et rationnelle. L’émotion est ce qui s’installe en nous quand la conformité du monde ne correspond pas à celle que nous envisageons pour notre équilibre d’âme (équilibre = cœur…) ; le cerveau se méfie de l’émotion, elle est trop ronde et lui trop carré.
Utiliser ses émotions est possible : il suffit de prendre un peu de recul, savoir ou bien reconnaître quand elle vont naître. On devient alors plus perceptifs sur les éléments qui nous atteignent sans nous laisser (trop) déborder. On s’applique alors à soigner sa respiration, et le cœur suit car respiration et cœur vont en chœur.
De même façon, ce mode de pensée qu’on appelle pensée du cœur tant à nous faire accéder à l’arrière plan du monde, son espace subtil, espace que personnellement je qualifie de pilote. Les choses brutes, l’apparence, accrochent notre jugement intellectuel, cervical, mais une pensée cordiale s’ouvre à l’arrière-plan du monde de la nature, à ce qui l’engendre et lui donne forme perceptible, forme sensible. Ceci pour la simple raison que le cœur est à la fois sensible et volontaire sans être ni l’un ni l’autre ; il est le fléau de la balance qui atteste de l’équilibre : la balance sans fléau n’est rien et le fléau ne sert à rien tout seul…
Se sentir concerné est un acte de connaissance, la recherche d’un lien. La pensée qui doit s’y ouvrir réside dans le cœur, ou plutôt dans l’espace du cœur, le Cœur si l’on ne veut pas confondre la viande avec sa Vie…
Cerveau et Cœur
Si le cerveau est froid, le cœur est chaud (ceci sans qu’il y ait besoin d’un grand écart de température), et puis cela fait chaud au cœur de savoir garder la tête froide….
Oublions l’humour et gagnons une corrélation supplémentaire : cœur chaud et tête froide, cela signifie aussi que le cœur possède une tendance féminine et la cerveau une tendance masculine [2]. Pourquoi ? Et bien parce qu’il y a le même genre de différence entre les attributs génitaux des deux sexes (attributs qui sont en zone périnéale tout le monde se souvient de ce que nous avons évoqué par rapport au nerfs sensitifs) :
- l’organisation féminine est très rythmée et toute intérieure c’est-à-dire en espace de chaleur,
- l’organisation masculine est sans rythme (dans la permanence), toute extérieure c’est-à-dire en espace de fraîcheur.
Mais cela va plus loin ; si l’on place en face l’un de l’autre le cœur et le cerveau, on voit deux mondes polaires (encore une fois comme le masculin / féminin)
- Le monde du cœur est centralisé en tant que matière dense, et il connaît le reste du corps par le biais d’un liquide, le sang, et non par lui-même. Le cœur s’occupe de percevoir un état intérieur face à un monde extérieur. Le cœur exalte un être ; cela est très féminin…
- Le monde du cerveau est essentiellement périphérique (même pour les organes internes qu’il regarde de dehors) et il envahit tous le corps avec sa matière grise, s’imposant (malgré lui heureusement) sans discrétion. Il perçoit un extérieur et le propose à un intérieur, un »soi ». Le cerveau centralise, maîtrise un environnement (enfin, il croit le maîtriser). Le soi réagit principalement en fonction de cet environnement ; ceci est très masculin…
Même si c’est un peu brutal, c’est simplement pour vous inviter à poursuivre vos propres recherches car je ne voudrais pas m’engager dans un roman, ce billet est déjà bien long. Il est là pour aider à voir autrement (si ce n’est mieux…) afin de construire un demain qui ne fera plus peur.
Une dernière chose peut-être,
Un dernier commentaire, pour rassurer : le cerveau n’est pas plus secondaire que le cœur, il apporte simplement une relation différente au monde à travers la pensée qu’on lui permet de générer que celle qu’on peut générer en saisissant le cœur. Lui il sera toujours là pour avoir la vision d’ensemble de ce qui se passe en nous et pour gérer, il est un outil de notre être, un outil puissant, utile, mais un outil sur lequel nous ne pouvons exercer de pression, qui ne répond pas à l’intention, seulement à la demande.
Prononcer un seul mot est un monde que nous produisons, l’outil dans ce cas est la voix, depuis l’air que nous allons expulser jusqu’à l’air totalement mis en forme qui est expulsé. Sans le cerveau, nous aurions besoin de maîtriser toute la mise en forme nécessaire pour que si je dis chat on entende chat et pas chien… car ma disponibilité intérieur s’arrête à l’idée de chat, et il me faudrait des lustres pour mettre en œuvre mon souffle mon larynx, ma cavité buccale, mes lèvres… Mais nous reparlerons de cela un peut plus tard, un article est en préparation.
À une prochaine fois.
PS :
En complément on pourra lire : Le double courant du temps
Second ajout du 8 octobre 2013 :
On ne devrait pas parler de nerfs moteurs ; je pense que c’est une aberration (mais je ne suis pas un spécialiste…). Nous avons des nerfs, un point c’est tout… et dans leurs natures certains sont fait pour transmettre (pourquoi d’ailleurs vouloir transmettre ?) ou plutôt percevoir
- d’une part le monde extérieur, celui qui ne nous appartient pas en propre
- et d’autre part notre propre monde, celui qui ressort de la face corporelle de la nature humaine (je pense que nous sommes mal placés pour parler de na nature sensible des animaux surtout quand je vois un chat, qui voit très bien ne pas reconnaître autrement qu’avec son museau le morceau de viande qu’il va dévorer en premier…).
Les nerfs moteurs sont ceux qui innervent les muscles… l’influx nerveux est vu comme un courant électrique qui irait dans le cas sensitif vers le cerveau, mais qui en viendrait dans le cas moteur. Plus haut j’évoquais le « Je » – qui soit dit en passant ne se cache pas dans la chair de l’être et ne peut donc être perçu que par sa façon de saisir l’être de chair – : se pourrait-il que l’influx nerveux soit dépendant de sa nature ?
- Face sensitive : Je perçois le monde extérieur.
- Face dite motrice : Je contrôle mon être de chair quitte à réagir, modifier, repositionner, tendre ou détendre, etc. pour parvenir au but que « Je » estime.
À l’association scIence, nous travaillons expérimentalement avec un élément, un agent, inconnu qui nous « parle » via l’électricité mais qui n’est pas pour autant de nature électrique ou électromagnétique, c’est une chose acquise pour nous.
L’action, le phénomène se déroule en nous présentant une variation de tension sous un faible courant. Cette variation navigue sur certains « capteurs » avec un module électronique entre -0,5 V et -9 V. Sur d’autres, d’une technique différente, sans module électronique, la tension varie de même manière entre +0,05 V et – 0,5 V, ce qui représente finalement une amplitude similaire. L’électricité qui permet l’interprétation est la phase de « traduction » de ce qui se passe en amont. Tous les capteurs parlent de la même chose à travers l’outil qu’on leur fournit pour l’instant, il nous parleraient vraisemblablement de la même chose par d’autres outils mais sous d’autres formes évidemment. (Nous pensons à certains phénomènes chimiques par exemple, phénomènes nécessitant un peu de matériel, bien sûr, mais surtout un lieu et du temps pour faire et décrypter… : de là notre demande de fonds !)
Pour les nerfs, c’est un peu la même chose… ce n’est pas parce que la stimulation électrique du nerf est capable d’activité un muscle, ce n’est pas parce que nos moyens de détection travaillant avec et sur l’électricité trouvent de … l’électricité, que la cause, le principe, le moteur, le générateur est une … pile !
J’ajouterai pour finir que Goethe [3] (oui, le poète allemand mentionné plus haut) en approchant la nature de notre physiologie pensait que le cerveau représente un état supérieur de la moelle épinière, et que chaque centre nerveux ganglionnaire peut être considéré comme un cerveau demeuré à un stade inférieur de développement.
L’idée serait à creuser. Ce qui se passe en un centre unique et l’autre multiple est cette part qu’on nomme le nerf, nerf qui fait le lien mais ne prend part ni à ce qui se passe dans le cerveau (unicité), ni à ce qui se passe au niveau de la perception (multiplicité). En ce sens il a bien faculté d’assurer un lien et de le faire dans les deux sens… comme il se doit pour tout lien !
Le devenir du monde passe par un changement de notre façon de voir la nature et pour y arriver, il faut penser autrement… autrement que par l’analyse logique et l’expérience persécutrice (et donc réductrice) qui en découle !
A+
Notes :
[1] : même si l’académie soutient la chose, je m’insurge contre le rôle de pompe qu’on prête au cœur ne serait-ce qu’en tant que technicien : le cœur est largement sous-dimensionné pour la charge aux pertes innombrables qu’il doit assumer (plus de 98 % peut-être vues les connexions terminaisons artérielle et veinules). Le cœur rythme il ne pompe pas, il impulse le rythme du système artériel (au pire si l’on veut avoir une image ridicule pensons au batteur sur les galères et au plus noble au chef d’orchestre qui réunit l’œuvre de chaque partie en assurant une pulsation commune). [retour texte]
[2] : je parle de féminin et de masculin, pas d’homme et de femme. Si l’homme possède un principe masculin prédominant sur son principe féminin, il en va du sens contraire pour la femme. Il n’y a pas d’opposition entre les sexes, il n’y a pas non plus d’impossibilité pour qu’un homme vive davantage son côté féminin ou la femme son côté masculin. Le débat actuel sur le sujet devrait concerner les individus et ne pas plonger dans une confusion du genre ! (Voir ici) [retour texte]
[3] : Sur Goethe : voir ce texte très riche, non exhaustif mais d’excellente facture. Il est regrettable que le nom de son auteur soit « bogué » ![retour texte]
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