Bonjour,
voici qu’à l’heure où je rédigeais le troisième billet sur le thème « Lecture du Réel » je suis tombé sur un article de La Recherche (N°480 juillet 2014) qui titrait un dossier spécial : La réalité n’existe pas.
Hors le fait que je trouve le titre idiot, il engage la responsabilité de la science même, et surtout, chez ceux qui ne lisent que les grands titres. La responsabilité et la raison… d’être, d’exister, de vivre, nous allons voir l’importance capitale de ce terme, surtout à l’époque actuelle.
On y lit entre autre ceci de la bouche de Max Tegmark, professeur de physique au célèbre Massachusetts Institut of Technologie : « L’essence du monde est mathématique ». Il affirme aussi qu’il n’y a pas une part du Réel qui serait mathématique et une part qui ne le serait pas. Ce n’est pas que la monde possède certaines propriété mathématiques, c’est que toutes ses propriétés sont mathématiques.
Donc si je conclus bien : ON, ce monsieur seulement peut-être, connaît l’ensemble du monde !!! Mais Tegmark concède tout de même qu’il y a plusieurs formes de réalités, l’externe qui est indépendante des actions humaines, la réalité interne, fruit de notre perception subjective de la réalité externe, et une réalité consensuelle qui serait celle sur la quelle nous nous accordons tous. Une sorte de vision du monde que nous partageons. La physique doit selon lui établir comme la réalité externe est connectée à la réalité consensuelle.
Bon je ne vais pas faire l’exégèse de cet article (ni du reste du dossier au demeurant fort passionnants), c’est ce qu’on appelle un point de vue. Et ce n’est pas parce qu’on s’appuie sur une chaine d’intellectuel depuis Platon que c’est la Vérité… Ce qu’il y a dans ce numéro de La Recherche est passionnant mais bêtement théorique, c’est-à-dire sans consistance, sans expérience.
Je le redis sans doute (voir l’ensemble du blog), mais une théorie n’est rien qu’un point de vue qui tente d’expliquer quelque chose. Surtout ne pas se gargariser avec des théories car leur inconsistance risque de nous rester en travers de la gorge, c’est-à-dire que le Réel (ou plutôt une part du Réel) qu’elle décrivent va rester dans la tête alors que le Réel de la chose tout entier devrait descendre dans le cœur, puis remonter vers la tête pour pouvoir en parler.
Tout esprit théorique dissertant sur l’inexistence du Réel risque alors de se transformer en négationnisme. Entre le « je vis l’expérience » et le « je parle de l’expérience » il y a un gouffre qui nous interdit tout absolu. C’est pour ça que je freine de tous mes moyens quand on me fait miroiter les théories et que je fais moi-même les expériences quand c’est possible [sinon je tente de décoder les résultats des autres, et de voir ce qu’ils sont à nous transmettre en débarrassant le plus possible le crible de lecture de tout aspect théorique : il y a les faits, et les explications je m’en balance un peu, j’essaie de me donner les miennes qui doivent alors tenir compte de tous mes centres d’intérêts : en gros je veux parler du nucléaire mais en gardant le vivant en toile de fond (et pas le contraire) puisque c’est ce que je peux vivre au jour le jour…].
Dans notre civilisation scientiste, on s’autorise bien des postulats. Le premier à garder tant qu’on n’a pas fait son tour complet c’est bien que :
la réalité existe et elle est le fruit d’un Réel qui nous dépasse.
Ce ne serait pas grave de penser l’inverse pour un quelconque raisonnement par l’absurde si cela restait dans des cercles fermées d’initiés (ésotérisme…).
Mais revenons sur le titre de ce dossier. Il affirme en couverture de magazine le point de vue de la science, la conclusion à laquelle elle aboutit. Ainsi affiché ce point de vue est présenté, non pas de façon anonyme comme le mien, mais de façon autoritaire, c’est-à-dire émis par une autorité. Il jaillit d’un milieu autorisé puisque composé de savants, de gens qui savent, et se contrôlent entre eux comme étant des gens qui savent pour faire état d’une plus grande impartialité !
Ce qui est amusant, c’est que comme dans mon article précédent, le sujet en arrière-plan est … l’astrophysique. Alors là pourtant je ne doute pas que le titre soit raisonnable car il n’y a rien dans les articles qui se raccroche à ce domaine qui implique de se dire que ce que décrit la science, ou plutôt cette science,puisse être la réalité.
La science décrit des systèmes, parcourt des hypothèses, échafaude des points de vue. C’est bien. Mais elle ne peut préjuger dans l’absolu de la valeur de la réalité.
Car de là à généraliser le titre à l’ensemble du monde alors qu’on évoque juste l’atome et l’astrophysique, cela fait surtout preuve d’audace, voire de prétention !…. Je vais me répéter mais il faudrait à minima que la science ait fait le tour du monde pour aboutir à ce genre de conclusion plutôt que de regarder des domaines du monde qui risque surtout de l’entrainer dans cette direction. Or, à mon humble connaissance, elle n’en a parcouru expérimentalement (en tant que milieu autorisé et autoritaire) que le versant physique, et encore… seulement peut-être sa photographie (instruments physiques fonctionnant sur des principes physiques donc limités et limitatifs) !
Bref, la (re)lecture de mon premier article sur le thème du Réel (ou de bien d’autres) vous aura éclairé(e) ou vous éclairera sur mon point de vue à propos de cette question de « photographie ». De notre côté nous devons continuer notre progressions vers le Réel en postulant qu’il possède le vêtement d’une réalité voilé seulement par ses apparences.