Bonjour chers lecteurs.
Voici une capture d’écran (l’image est en lien avec la source) :
Il s’agit d’un dossier du site FUTURA-SCIENCES assez bref qui parle plus ou moins du sujet qu’il annonce (en fait on ne sait pas forcément grand-chose de plus après sa lecture).
Deux éléments ont retenu d’emblée mon attention : la première phrase de l’entête et la dernière. Cela a excité ma curiosité mais il faut dire qu’elle n’a pas été rassérénée par le développement de l’article qui reste d’une fadeur superficielle désagréable (enfin, chacun ses goûts).
J’ignore qui est ce chercheur en robotique qui a écrit cela, a-t-il des compétences en paléoanthropologie ? Je l’ignore, mais il semble répondre à une sorte de connaissance arbitraire sans doute issue de la culture cinématographique…. (ceci dit sans vouloir l’offenser).
Comment peut-on savoir quoi que ce soit du langage des hominidés ? Nous ont-ils laissé des traces ? Des enregistrements ?… Des tags ?…
« Il y a très longtemps, les humains ne produisaient que des grognements inarticulés. »
Voici en guise de buffet une affirmation des plus péremptoires. Bien sûr le larynx n’est pas un organe simple et la formation des mots représentatifs de pensées encore moins peut-être.
Logiquement le langage a évolué, et il évolue encore nous le voyons bien. Des mots nouveaux « fleurissent » à la pelle comme autant de feuilles mortes. Ça, c’est le langage parlé, c’est de la parole, une forme de langage.
Personnellement je vois l’art rupestre non pas comme une galerie présentant des œuvres mais comme un ensemble de représentations symboliques ou non, des gestes graphiques, un langage particulier et une extraordinaire faculté artistique.
L’humain aurait donc su dessiner avant de parler ???? Voilà qui m’interroge.
Et cela m’interroge d’autant plus qu’on ne trouve guère dans les grottes ornées de gribouillis enfantins comme ces dessins d’adultes peu compétents en art graphique souvent plus pauvres que les œuvres de leur petits…
L’enfant sait parler avant de dessiner. Bien sûr on dira « oui mais il ne maîtrise encore pas le geste…« . C’est certain, mais pour dessiner une chose aussi précise que ce qui compose les œuvres rupestres il faut maîtriser non seulement le geste, mais aussi la représentation et la perception en 3D… (voire les œuvres de Lascaux qui sont des anamorphoses). Et pour posséder tout cela, je pense qu’on peut affirmer que l’expression est à la hauteur de l’œuvre ainsi que la pensée.
L’expression graphique est un moyen pratique pour ceux qui ne savent pas lire/écrire, mais on n’atteint un tel niveau que celui des grottes ornées que par un long travail, un exercice, une culture de la chose.
Nous, hommes préhistoriques, savions sans doute faire autre chose que de nous exprimer par des grognements pour arriver à une telle qualité artistique (enfin, qu’on voit aujourd’hui sous ce terme).
Les phrases n’avaient sans doute pas la structure complexe qu’elles ont aujourd’hui après l’académisme et le formatage scolaire qui en descend. Mais nous-mêmes, humains contemporains, savons qu’il n’est pas nécessaire d’aller à l’écriture pour savoir parler de même qu’il ne faut pas connaître l’écriture musicale pour chanter. Tout cela ne dépend pas de technique, cela vient du dedans de l’être.
Dans les meilleurs des cas le langage sonore animal s’étend au même titre que son langage corporel : une série d’attitude liè à un support (sonore ou corporel). Et l’animal n’a pas de compétence artistique et n’en a pas acquises au fil du temps…
Le chat par exemple est un animal qui vit depuis longtemps au contact de l’humain et bien que conservant un esprit assez libre et sauvage il n’a pas complété son langage. Chez lui, « J’ai faim » n’a pas d’attitude autre que celle d’aller voir la gamelle dans la maison ou de se mettre en chasse à l’extérieur [pourtant, depuis le temps qu’on leur montre… c’est sans doute un darwinisme qui ne veut pas s’appliquer…].
Je n’ai pas de réponse à formuler quant à l’origine du langage. Mais je comprends pas comment on peut penser que ce sont des grognements qui faisaient le lots des conversations préhistoriques pendant les belles soirées d’été. Échanger a sans doute pourtant été à la base de la relation humaine dès les premiers temps. Le niveau graphique des œuvres rupestres nous atteste (à la lecture d’aujourd’hui) que le sentiment était très éveillé, peut-être plus qu’aujourd’hui.
Les oeuvres de Lascaux représentent des animaux non présents dans l’environnement mais aucun rennes qui pourtant étaient le quotidien comme en atteste les restes osseux où les graisses des lampes (seul éléments permettant de dater Lascaux puisque les œuvres ont été réalisées avec des pigments minéraux inaltérables et sur des surfaces adaptées en des lieux adaptés…
Le langage individuel possède son origine au niveau du cœur, c’est-à-dire au niveau du sentiment, là où l’on met le doigt en disant « Qui ?! Moi?… » Ce n’est pas la tête! Elle, elle façonne les pensées qu’on exprime en mot adéquate. C’est bien de la poitrine que s’échappe le souffle qui porte les mots. Ils existent avant que le larynx ne vibre, que la gorge ne courbe, que la bouche façonne l’air qui va les porter à l’extérieur.
Le Oh quand on s’étonne, le Ah quand on s’émerveille, même le hUe pour lancer la bête de trait ou le hÉ quand on veut se démarquer sont communs à tous les peuples. Ce sont des sons presque archaïques. Les autres sons exprim(ai)ent aussi des archaïsmes descriptifs qui ont du jaillir des poitrines préhistoriques sans concertation académique… à une époque où ceux qui vivaient là ne croisaient jamais ceux qui vivaient ailleurs.
Observation : je ne sais pas siffler, j’apprends, je sais et par la suite je sais très vite tout ce qu’il est possible de faire avec le sifflement, et même au-delà, cela dépend de ma fantaisie créatrice.
L’enfant qui dans sa seconde année se met à parler n’apprend même pas, il reproduit ce qu’il entend. Puis il fera naître des mots dont il se gargarisera en saoulant un peu son entourage parfois amusé. Et tout à coup ou presque le flot surgit, le vocabulaire fait son nid, les phrases viennent, portant la richesse du langage.
Comme dans l’observation ci-dessus, il a suffit que l’enfant mette en place LA parole, trouve à mobiliser sa voix volontairement (c’est-à-dire avec son potentiel d’action propre à lui).
Et les titres et entête de l’article nous invitent à penser que les premiers hominidés grognaient…
Ils avaient sans doute une autre voix que nous, moins façonnée, elle était peut-être comme le dit Monsieur Oudeyer »inarticulée », peut-être que des sons qui venaient du dedans, des I, des A, des O, etc. et peut être des Oin (on ajoute la nasale), des Han (on ajoute l’aspiration avec le H qui s’apparente plus à une expiration…). Mais ceci ne peut-être que pure spéculation… pour satisfaire le besoin d’une progression, d’un darwinisme étrange, car on n’imagine pas que le langage soit issu d’un tout préalable…
Au cours de la prochaine partie nous aurons d’autres éléments.
Bien à vous
Patrick Roussel
Prochaine partie : en quoi la robotique peut-elle nous aider à comprendre le langage…
2 réponses sur « LA PAROLE au royaume d’Utopia… 1 »
très impressionnée …extrêmement intéressant !!!
Merci Chantal.