Catégories
anthropologie cognition

Cerveau, conscience et je : le manche, la lame et l’artisan

(Cet article fait suite à celui-ci : Utilise-t-on notre cerveau ? )
Au lieu de chercher dans mes propres travaux d’entrelacs pour faire une photo, je suis tombé sur ce site magnifique en cherchant un image toute prête. (En cliquant sur l’image on atteint le site, merci à son auteur.)

Être conscient c’est percevoir dans la veille ce qui agit sur nous et pouvoir l’exprimer par des mots, des gestes, des pensées, etc. Le cerveau sert à ça et à quelques fonctions que je qualifierai de routinières ; mais sur tout ce qu’il fait, moi, je n’ai guère d’emprise !

Pour l’heure, ce qui pense, ce qui s’exprime, ce qui est conscient est  »je », pas mon cerveau.  »Je » profite de lui, comme  »je » profite de ses sens pour apprécier le monde et savoir que  »je » existe, et aussi comme  »je »profite de sa volonté pour modifier son environnement ou bien, en allant vers l’intérieur, pour satisfaire, guérir, son corps de chair, comprendre qui  »je » est.

La conscience est alors l’espace que ‘je’ est capable d’embrasser.

Nous voilà bien avancés ! Au cerveau physique, matériel, facile à disséquer j’oppose l’être conscient, être que la loupe puissante, même la plus puissante, celle de la physique quantique, n’a pas (encore ?) réussi à trouver.

Évidemment, trouver une aiguille dans une botte de foin, ce n’est pas facile, surtout si elle n’est pas métallique mais organique. À l’impossible nul n’est tenu… mais trêve d’adages, le sujet est plus important !

La conscience n’est pas de nature matérielle donc point de leptons, de bosons et autres gluons pour en dévoiler le regard.

Pourtant, sans loupe, moi, l’auteur de ce blog, mais vous aussi, chers lecteurs, vous la constatez sans cesse cette conscience, et même vous la voyez comme on trouve la trace du yéti. Dans le cas de ce dernier on échafaude toute notre fantasmagorie pour trouver l’apparence de la bête. C’est ce qu’on fait avec la conscience aussi.

Heureusement dans ce dernier cas, c’est beaucoup plus simple que dans celui du yéti.

Avec ma fourchette, je fais une trace dans ma purée…. la trace est celle de ma conscience autant que celle de la fourchette car sans moi, sans  »je », il n’y aurait pas eu de trace dans ma purée. »Je » a agi.

Et mon acte est perçu maintenant par mon sens de la vue comme une modification de mon environnement. Mon je est conscient d’avoir agi, car ce n’est pas mon épouse qui a dessiné cela dans mon assiette.

« Mange, au lieu de rêver ! » 

On croirait ma mère il y a 40 ans… mais je ne rêve pas, je pense. Et tout absorbé dans ma pensée j’en oublie de vivre. C’est qui déjà qui a dit « je pense donc je suis » ? Il ne devait soit pas dessiner des lignes dans sa purée, soit avoir une compagne plus rêveuse que la mienne, qui, quand on fait les courses, pense à tout alors que moi, je suis…

Quand le  »je » pense, il n’est plus, il se laisse absorber par les lignes dans sa purée. Ça ne nourrit pas !…. Pourtant pensée, conscience, cela devrait aller de paire, non ? Ma purée me révèle que ce n’est pas le cas !

Ma conscience me révèle la ligne dans la purée, elle me révèle que c’est un  »moi » qui l’a faite, et même elle me révèle une troisième chose : ce moi qui a tracé la ligne et le même que celui qui dit  »je » et que j’entends du dedans de mon corps bien plus et différemment que du dehors.

 »Je » n’est donc pas que dans mon cerveau ! Il n’est en plus pas du tout dans ma conscience, mais il la sollicite et l’observe comme un outil. Et quand il fait ça, et bien, il a le sentiment que cela se passe sous sa boite crânienne, dans le cerveau. Et c’est vrai, c’est bien là que le reflet de ma conscience devient apparent, prend un air perceptible et que j’en deviens sensible.

Ah, René (Descartes) que n’as-tu pas dit ? As-tu au moins perçu que tu avais réfléchi quelque chose avant de le penser ? Que tu n’avais fait qu’observer ta propre pensée en ayant le sentiment d’être en elle ? Montres-tu souvent ton front en disant  »Qui ? Moi ? » quand on t’interpelle ?

Mais alors si le  »je » n’est pas dans le crâne, il est où ?

Et bien, il est là où chacun pointe son doigt en disant  »Qui ? Moi ? » quand il est interpellé, ou alors qui lève la main pour dire  »je voudrais prendre la parole » ou encore simplement  »moi » quand on demande qui a le numéro 837.

Bon je plaisante un peu, c’est un propre de l’humanité qui est en moi…

Parce que oui, en moi il y a aussi cette humanité que vous trouvez chez vous, mon moi à moi est loin d’être enfoui dans ma viande car je n’en ai pas assez pour cacher tout ce que mon moi abrite ! En même temps, je suis sûr, dans mon sentiment (!) que mon moi à moi tient tout ma viande et pas la vôtre…

Avez-vous remarqué ? Pas besoin de circonvolutions métaphysiques pour se dire que la conscience n’est pas moi… mais que  »je » est moi.

Et l’inconscient dans tout ça ? C’est le domaine que ma conscience n’a pas exploré parce que je ne sais pas comment la guider là-bas. C’est au-delà de moi et même de mon environnement et mon environnement n’est pas ce qui est obligatoirement et géométriquement proche de moi… De celui-ci d’ailleurs je ne perçois consciemment que ce que je veux en grande partie (c’est pour ça que je ne trouve pas les clés qui me crèvent la vue et que ma purée me captive plus que mon ventre en ce moment).

La conscience est un outil, comme le cerveau ; disons qu’il est le manche et elle la lame, et  »je » dans l’histoire est celui qui fait une œuvre d’art.

Bon ce n’est pas tout, je vous laisse, sinon ma purée va être complètement froide !


Mise à jour du 17 octobre 2015
http://www.futura-sciences.com/videos/d/interview-controler-machine-pensee-2959
Des « explications ».

Mise à jour du 18 septembre 2014
Un paraplégique donne le coup d’envoi de la coupe du monde de foot 2014
http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-handicap-un-paraplegique-en-vedette-du-mondial-de-football_13856.html
Non, cet homme n’a pas donné le coup de pied, il en est incapable. Par contre il a été capable de training pour solliciter son système nerveux au niveau du cerveau pour que la machine (encéphalogramme) puisse recevoir des signaux interprétable par un ordinateur qui a pu à l’aide de commande électrique solliciter l’exosquelette dans la motricité pour laquelle il était conçu et réalisé, c’est donc un exploit, mais pas sur la maîtrise du corps par le cerveau

Mise à jour du 5 février 2015
Merci de voir aussi l’article écrit quelques mois après celui-ci : Transhumanisme : je dis non !

Share Button

Par Patrick ROUSSEL

Chercheur goethéen en biologie et "physique du Vivant" et bien d'autres choses comme enseignant, acteur ou potentiellement conseiller en écologie (formé)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.