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Cervo… Disquo… et informations (2/2)

Première partie : La mécanique du corps, La mémoire et l’être

Depuis l’avènement des octets on assiste à une émergence volcanique du terme information. On stocke de l’information, on gère de l’information, l’information nous fait vivre, elle est partout présente, dans chaque atome, dans tout l’univers. Soit, c’est un point de vue qui peut se défendre.

Un exemple du point de vue de la vie : le sommeil

Prenons un exemple: mon corps fatigue, des informations circulent me dit-on comme autant de signaux d’alerte, de bip bip qui annoncent qu’il est temps de lâcher ce qu’on fait pour aller dormir. Je va  donc décider d’aller se coucher.

Pourquoi ? Mais parce que mon corps réclame son du.

J‘a pris conscience de ses relâchements, de ses yeux qui se ferment, etc. et peut-être aussi de sa conscience qui tourne en rond depuis un moment parce que je n’arrive plus à la solliciter…

En fait la partie corporelle de je réclame surtout que je lui fiche la paix, elle veut pouvoir faire son boulot sans entrave, car elle, elle n’est pas fatiguée, elle doit continuer à utiliser ses ressources TOUT le temps que je est vivant pour faire en sorte d’avoir à se mettre en retrait quand je sera à l’œuvre dans le monde, pour elle, pour lui, pour les autres, etc..

Le corps a des cycles à respecter et il devient lourd à mobiliser pour une conscience qui voudrait encore compter sur lui… car la conscience, elle, ne dort pas non plus. Quand je sombre ans l’inconscience, je change de niveau, c’est tout, je fait confiance à son corps pour lui-même et je n’a plus besoin de ses facultés, entre autres de son cerveau qui lui sert à bien des choses ; je fait aussi confiance à sa conscience pour elle-même afin qu’elle le garde en alerte (crampe, odeur, bruit, lumière, etc.)

Quand je dort, son corps ne compte pas sur lui, mais je compte sur lui pendant que j‘a autre chose à faire. Qu’a-je donc à faire quand je dors ? Je, pas mon corps, je, moi, toi, vous ?

Car indubitablement, quand nous dormons, nous faisons quelque chose : nous dormons ! Voilà une activité assez sereine…. Nous dormons c’est-à-dire que pendant que notre corps se ré-harmonise de tout ce que nous avons pu faire de notre journée, nous, en tant que moi, nous ne disparaissons pas pour autant, nous ne nous évaporons pas, nous sommes encore actif dans le fait de dormir.

La preuve s’il en faut une : nous ne faisons pas que dormir,  nous rêvons aussi, à hier, peut-être même à demain, à n’importe quoi si notre corps nous appelle trop : fais attention, tu as la couverture sur le nez, tu as trop chaud, ton estomac ne va pas, etc... (tout cela c’est notre corps qui le dit à ce que nous avons laissé de nous ancré en lui). Nous rêvons dans notre partie conscience, toujours un peu à l’affût, mais discrètement.

Le sommeil est donc une étape de notre activité où la conscience laisse le corps à ses propres affaires et où le corps évite de solliciter la conscience. Mais JE, il fait quoi, lui pendant que son corps se refait sans lui, et que l’âme ne donne pas de signes de conscience autres que vagues, bizarres, curieux, fadas, cauchemardesques, sensuels, etc., etc. ?

En tant que professionnel torturé par un problème il arrive souvent que le soir nous n’ayons pas de solution pour le lendemain, et ne pas dormir n’est pas la solution. Il faut d’une part lâcher prise et d’autre part partir avec sa problématique mais sur un autre niveau de conscience, un niveau de conscience où le JE est actif, mais plus le corps, un niveau de conscience où le JE ne sollicite plus le cerveau, où plus rien de physique n’entrave son activité.

Et au réveil : l’inspiration est là, on sait ce qu’on va faire. Ou alors un truc nous trotte dans la tête, une sorte d’image, un zeste de rêve, ça c’est une imagination qui trouvera peut-être écho dans une activité. Ou encore dans la journée on va recevoir un signe, un mot, un geste, un article et là cela fera tilt en nous : c’est ça ! et on va agir (ceci, cela s’appelle de l’intuition). Sans le sommeil on continuerait à buter sur notre problème qu’une logique froidement cervicale est ou aurait été impuissante à régler.

La pensée logique a besoin d’un plus dont elle ne dispose pas et auquel quoi qu’on fasse on n’a pas accès dans la pleine conscience, du moins sans avoir travaillé sur soi pour élargir son champ de conscience : le sommeil est alors souvent un bon complément…. Le JE peut fournir la solution au petit matin ou dans la journée, solution qu’il est allé chercher pendant le sommeil du gaillard, c’est-à-dire pendant que le corps s’occuper de lui sans trop s’inquiéter de conscience du JE qu’il sert dans la veille.

 

L’information dans le cadre du vivant et de la mémoire

L’exemple ci-avant choisi de manière non anodine devrait normalement nous interroger quant à ce terme d’information qui serait censée tout gérer.

L’information est une sorte de commande ou de mémoire d’un système mécanique, informatique, c’est-à-dire technique : à 8h32 le réveil doit sonner ! On prévoit, on anticipe, on règle… et on est saisi par la stridulation dans une phase plus ou moins quelconque de notre sommeil.

Cela fait plus de 7 ans que je me fais confiance et n’utilise plus de réveil (il est là pour l’heure, mais rien n’est mis en place, aucun filet de secours au cas où je ne me réveillerais pas)… et en principe je dors tout mon saoul en me réveillant frais et dispo en quelques minutes quand c’est nécessaire. En plus de 7 ans, j’ai raté l’heure une seule fois, de quinze minutes, et là ce fut dur… je ne suis pas habitué !

Pourquoi je raconte cela ? Pour dire que l’information c’est moi qui choisit de la mettre en œuvre, soit en la déléguant au réveil, soit en me faisant confiance ; et bien évidemment ces deux aspects ne sont pas équivalents, n’ont pas la même importance pour ma vie.

  • D’une part je souhaite avoir une info : oh oh, c’est l’heure, t’es peut-être encore fatigué mais il faut te lever. Le réveil sonne car il obéit à un mécanisme fut-il électronique. Je n’est pas concerné autrement que par une impulsion extérieur à lui.
  • D’autre part, je maîtrise en partie mon sommeil. Je réactive une conscience directe et j’ai reposé mon corps à la mesure de son besoin et aussi de mon impératif, et je ne me réveille pas s’il n’y a pas d’harmonie entre le besoin et l’impératif.

Mais JE, ce n’est pas mon corps doué d’une faculté de (in)conscience [1] quand il veut, JE c’est ce qui habite mon corps et ma (in)conscience, qui les habite et les maîtrise autant que faire il peut.

Quand on parle d’information pour ceci ou pour cela, il faut un support. Le JE n’a besoin de support que comme outil, il utilise pour cela le corps et la (in)conscience.

L’information, soit-elle cosmique, implique en arrière-plan un support et on lui attribue volontiers des qualités quantiques à défaut de concept dématérialisé.

Un concept dématérialisé est un concept… un concept matérialisé est une définition. Un état quantique susceptible de porter une information est une définition. La définition éradique tout espace de créativité, tout acte créatif ou créateur.

Il se peut que je me trompe… ou que je réduise l’idée d’information à ce qu’elle n’est pas, dans ce cas je me corrigerai de moi-même grâce à de nouvelles… informations, ou peut-être réflexions ! Mais ramener le monde à un flux d’information c’est pour moi lui ôter tout raison d’être, et cela je ne peux m’y résoudre.

Ramener le monde à un flux d’informations c’est le réduire au rang de machineries qui n’auraient aucune raison de fonctionner, au rang des machines que nous fabriquons à partir du monde physique car nous sommes incapables de faire des outils (?), des choses qui fonctionneraient (auraient une fonction) à partir du milieu vivant car nous ignorons tout de ce milieu vivant que nous expérimentons pourtant au quotidien.

Toute personne qui s’observe sans idée reçue doit pouvoir faire grandir en elle son être. Toute définition met une limite, réduit le champ d’investigation. C’est possible d’y faire appel mais en sachant que l’habit ne fait pas le moine

Le sujet n’est pas épuisé, sera-t-il d’ailleurs épuisable un jour, mais suffisamment d’éléments ont été apportés pour la réflexion : nous ne sommes pas des machines, l’information n’est pas la base du monde formé.

“L’important n’est pas de convaincre,
mais de donner à réfléchir.”

Bernard WERBER


NOTE
1 Le mot âme est celui qui conviendrait le mieux car plus large et plus ouvert que celui de conscience. Mais il est trop connoté et souvent mal connoté ou mal défini. [retour texte]

3 : Subitement j’ai un doute sur la source… Bichat n’est pas allé à Santa Clara.
Mais cette pensée dacquienne (qu’on ne retrouve pas dans l’os à moelle de 22h37 mérite tout de même d’être méditée… [excusez-moi, mais dérailler parfois un peu fait du bien…] [retour texte]

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Par Patrick ROUSSEL

Chercheur goethéen en biologie et "physique du Vivant" et bien d'autres choses comme enseignant, acteur ou potentiellement conseiller en écologie (formé)

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