À la vue de deux articles de Sciences et Avenir, magazine de vulgarisation scientifique, parus coups sur coups
- Hand of God (sciences et avenir 4 mars 2016)
- L’école à l’épreuve du Créationnisme (sciences et avenir du 24 février 2016)
j’ai un peu envie de réagir dans un débat :
intégrisme vs intégrisme.
Voilà que coup sur coup on voit se rebeller un dinosaure face à un alien si vous me permettez cette métaphore.
L’obsession d’une déstabilisation hanterait-elle l’orthodoxie scientifique ?…
Ou alors la hantise de la persécution ?…
Ou encore la crainte d’un retour de bâton mal ciblée de la période où on brûlait les sorcières (oui juste des femmes !), les hérétiques c’est-à-dire toute une clique (hommes et femmes cette fois) qui allait « contre » la sacrosainte science, euh, église catholique alors régnante ?…
LA Science (oui, j’ai mis 3 majuscules) pense tout savoir parce qu’un chercheur a eu un jour l’idée d’être le créateur d’une expérience où il a créé des molécules appelées acides aminés.
Ces acides sont présents dans les protéines qui sont présents dans les cellules du monde vivant.
Sans être du tout adepte du créationnisme… je ne le suis pas non plus de l’évolutionnisme tout aussi abrancadabrantesque.
En gros pour faire court disons que les évolutionnistes sont des doctrinaires qui s’opposent à la doctrine créationniste qui plaide de son côté pour une intervention divine en déphasage avec les conclusion de la lecture logique de l’histoire géologique de la Terre (et même du cosmos).
Disons encore, et pour faire court une seconde fois, que les uns (allez, prenons les créationnistes cette fois) ont du mal avec le temps et s’appuient surtout sur les convergences de textes religieux et la complexité des êtres créés et que les autres, qui nient toutes hypothèses d’un fondement religieux quelconque, voient la vie comme une création (zut le mot est lâché, je suis désolé de l’employer ici mais je ne vois pas comment faire autrement), une création donc du matériel.
En gros (et pour en finir avec faire court) :
- Les uns pensent que Dieux (qu’est-ce ? Mystère…) a fondé la nature.
- Les autres pensent le stérile a fondé le vivant.
Évolutionnisme ou Créationnisme ? That’s the question…
Est-ce une alternative ? Un manichéisme ???
En fait rien n’empêchant un croyant de faire de la science est de valider les idées évolutionnistes mais il est difficile de penser qu’un incroyant puissent accepter la moindre idée créationniste… L’un n’est pas le négatif de l’autre.
Pour comprendre notre histoire (car en fait la question du débat est juste celle-ci),
- faut-il s’appuyer sur la logique temporelle des apparences et la logique cognitive de l’enchainement des faits et causes propre à une science matérialiste (bin oui, c’est le cas) et réductionniste (rebin oui, c’est la conséquence du matérialisme) ?
- ou faut-il se contenter d’élargir à peine le moment présent à partir de l’interprétation des Écritures dites saintes sans tenir compte des apparences géologiques[1] ou de la perspicacité tout à fait honorable d’une science capable de décortiquer la moindre chose jusqu’à son plus ultime atome, voire même ce qui est en-dessous de cet atome ?
N’y a-t-il pas une troisième voie ?
Pour votre serviteur le travail de la science matérialiste est absolument magnifique (même s’il n’en suit pas forcément les conclusions qui, elles, sont du ressort de l’interprétation dans un cadre limité dès le départ). Par ailleurs, ce même serviteur travaille sur lui, travaille à connaître ce ‘je’ qui n’a rien à voir avec un autre je et qui pourtant, dans l’apparence, est semblable à environ les 7 milliards d’autres je (pales, foncés, gros, petits, estropiés, caractériels, obtus ou ouverts, pervers ou saints, toujours ou jamais en bonne santé, riches ou pauvres, bleus ou oranges, etc.).
C’est une évidence qui devrait être la première chose à postuler : entre le monde et les concepts qui le forment il y a un être, l’humain, qui a envie de faire le lien, il fait lui-même partie du monde et de ses concepts, mais il est capable de se couper du monde pour le percevoir avec sa conscience, conscience capable par ailleurs de relier des concepts pour créer des idées, concrétisables ou non dans la matière.
Cette troisième voie, entre créationnisme et évolutionnisme, postulerait que le vivant doit composer avec le matériel, et donc qu’à côté du milieu physique, ou plutôt avec le milieu physique, en concordance avec le milieu physique (la nature apparente, brute, instantanée) il existe un milieu vivant fort peu enclin à se laisser étudier par des « mécanismes » qui doit concilier ces propres forces (vivifiantes) avec les forces inertes de la matière, ou disons mieux, du monde matériel (le mot matière étant trop attaché au contexte des matériaux : dense, pesant, tangible). On a pour l’instant juste un mot valise pour comprendre ce milieu : la vie.
À partir de ce postulat, on peut relire la géologie… et aussi bien d’autres domaines.


Parce que le monde n’est pas un choix entre noir et blanc (merci d’attribuer ces termes selon vos orientations intimes et respectables)… parce qu’il y a aussi la couleur[2] l’humain n’a aucune raison de limiter son expérience du monde, son expérience de vie !
A+.
On pourra aussi relire mon billet : Obscurantisme scientifique
NOTES
1 Les apparences cosmiques sont négligeables car elles sont purement théoriques : on n’expérimente pas avec le cosmos. [↑]
2 Voici un sacré sujet à rouvrir en permanence. Pour moi qui tâtonne aussi dans la peinture, blanc et noir sont des couleurs extrémistes, le blanc est la couleur (matérielle) qu’on peu attribuer à la pleine clarté, et de même le noir sera celle qu’on peut attribuer à l’obscurité… (mais on dira, c’est de la peinture, pas de la science ; pourtant la peinture est bel et bien une expérience reproductible avec toujours les mêmes causes créant les mêmes effets… [↑]