Cet article est la suite de deux précédents que vous êtes invité(e) à lire avant…
Dans le premier il était présenté courtement la motivation du sujet (réouverture du musée de l’homme) et certains concepts se rapportant à la question du genre et à celle de l’animalité humaine.
Dans le second, on trouve des notions d’histoire et de temps.

Le mouvement
Notre lien au temps est bien moins ténu qu’il ne peut y paraître de prime abord. Une petite réflexion sur la cinématique peut nous aider à comprendre cela.
Pour aller de A à B (parcourir une distance linéaire d) il faut un certain temps (t). On parle alors de vitesse et l’on écrit l’expression de cette vitesse en fonction du temps et de l’espace :
v = d/t
On dissocie l’espace et le temps puisque l’un et l’autre sont l’objet de mesures différentes ; on met leurs mesures en rapport (mathématiquement, une fraction, une division entre quantité).
Mais tout le monde le sait, c’est la notion de vitesse qui est première….
En effet, c’est elle qui nous invite à connaître d et t comme deux entités distinctes. Si la vitesse est nulle, immobilité, la distance n’a plus de sens et le temps pour la parcourir non plus (il est in-fini, il ne peut se compter, se mesurer puisqu’on ne peut quantifier que ce qui est fini).
On extrapole facilement en disant si d = 0 quelque soit le temps pour aller de A à B (donc rester sur place) on aura V = 0/t = 0 unité de distance/unité de temps (km/h, m/s, hamburger/min…). On extrapole plus difficilement en disant que si on va très très lentement pour parcourir une distance si faible soit-elle, on aura V = d/(t très grand) qui tendra vers 0 plus t grandira.
[Parcourir 1 mm en cents jours revient à adopter une vitesse moyenne v de 1mm/100 jours, ce qui donne 10-6/100*24 = 0.000 000 000 416 km/h. Ce n’est pas loin de 0 mais n’est pas 0 km/h ; la différence c’est qu’il y a eu du mouvement !]
Ce qui compte est donc le mouvement… et non la réalité de l’espace d’un côté avec la réalité du temps de l’autre.
Quel rapport avec l’humain ?
La vie, c’est tout. La vie c’est le mouvement en continu, toujours, et quand rien ne bouge plus, on est mort, le corps ne peut plus servir. Les autres le voient : il ne bouge plus, il est mort.
Citons wiki mort :
La mort biologique résulte de l’incapacité permanente d’un organisme à résister aux modifications imposées par son environnement. Cette définition permet de définir en miroir aussi ce qu’est la vie (dans sa définition la plus large) : la capacité à maintenir son intégrité malgré la pression de l’environnement (homéostasie).
La vie par négation de la mort, autrement dit la vie par défaut d’inertie… [Si vous lisez l’article wiki vie, vous suivrez peut-être le chemin vers qu’est-ce que la vie, ouvrage de Erwin Schrödinger ( physicien, philosophe et théoricien scientifique autrichien).]
Un musée de l’humain idéal
Un musée de l’humain devrait donc faire de la vie sa part principal, ce serait déjà un premier pas. Car la vie représente ce que nous partageons avec l’ensemble des règnes vivants (SIC). Cela signifie une chose : nous pouvons perdre la vie comme tous les êtres vivants, c’est-à-dire que quelque chose nous est retiré qui fait que ce qui nous a construit ne tient plus et le corps retournent entièrement vers l’état minéral (terreau, puis quelques poussières purement minérales, gaz carbonique et eau principalement).
Pour comprendre la vie de l’humain il faut la comprendre sous toutes les coutures qui nous apparaissent, qui se manifestent à l’extérieur de nous-mêmes des bactéries aux animaux en passant par les champignons et les plantes, sans oublier les protistes et les archées. [Ainsi rien que ce point de vue, puisque certains élément de sa vie ne concerne que lui, l’humain pourra se dire qu’il est le 7e règne vivant.]
Un humain, c’est aussi une merveilleuse dose de sensibilité à des sensations naissant de ses perceptions, extérieures ou intérieures, voire de ses rêves. Un musée de l’humain devrait donc faire le tour du lien que l’humain entretient avec l’ensemble de son environnement et comment il est capable de vibrer avec la musique ou des images, des odeurs, etc. jusqu’à en être troublé, jusqu’à se pâmer devant la beauté [je ne sais pas si on a relevé des pâmoisons chez l’animal et si on a analysé les rythmes cardiaques des animaux lors par exemple des rencontres « amoureuses ». On connaît les danses, les parades nuptiales, les liens solides qui unissent mâle et femelle chez certaines espèces, mais a-t-on remarqué un trouble intérieur comme le coup de foudre ou aussi seulement l’émotion liée au sentiment amoureux, le vécu de l’intériorisation du lien ? On connaît des histoires de chiens vis à vis de leur maîtres humains (ce n’est pas de l’amour éclairé ou ressenti c’est plutôt un bien-être puissamment ressenti…) mais au sein des espèces… ne serait-ce que l’amour filiale après l’émancipation, en a-t-on trouvé trace ailleurs que chez l’humain ?…].
Cette sensibilité l’humain à le besoin de la conscientiser et de l’exprimer à autrui, à n’importe qui, au monde par exemple. Il laisse des traces de son vécu partout (il suffit de regarder nos villes, nos lieux de vie qu’on veut embellir légalement (gestion par les mairies) ou pas (peinture ancestrales, soins aux maisons privées, tags et autres graphitis dans des lieux abandonnés (les arts de rue sont très souvent bien au-dessus de l’expression d’une colère rageuse riche d’une envie de simplement cochonner l’espace !)
Ensuite, bin, il faudrait que le musée de l’humain englobe aussi celui des sciences et des techniques car l’humain est créateur, le monde tel qu’il est ne le satisfait pas, ne l’a jamais satisfait (déjà avec l’utilisation du feu, puis très vite l’isolement des métaux).
Au-delà même des applications techniques dans lequel il est entraîné par un tourbillon de perspectives, il est perpétuellement créateur jusqu’à aujourd’hui penser régir le vivant, ou plutôt la Vie.
Il peut être aussi désespérément créateur jusque dans sa façon de vouloir exprimer son vécu de façon non clonesque, photocopistique, sans chercher le copiage, la reproduction (ce que ne fait non plus aucune espèce animale) mais une façon personnelle de montrer ce qui s’agite en soi (mouvement) de ce que nous percevons (image).

Qu’est-ce donc qui tire l’humain à toujours courir vers ce qu’il aspire à devenir ? Quel est l’aspirateur qui le motive à se bouger (mouvement évolutif des sociétés) ? Pourquoi les perspectives transhumanistes aveuglent-elles certains alors que d’autres n’y voient qu’une parte immense de notre lien au Réel ?Pourquoi ce besoin de spiritualité au-delà des croyances dogmatiques qui ont tenté (et tentent encore) de le porter, de le formater, de le fixer (mort) dans une espèce de définition stérile ?
Rien de tout cela ne fait partie du monde animal, c’est typiquement humain, cela veut dire que l’humain est un règne à part, pas seulement une espèce… ou alors c’est la plus stupide ! Le rôle du musée de l’humain devrait être de révéler
- les communautés (ce que nous partageons) et les différences avec les autres règnes du vivant,
- les mises à profits des fonctions et forces du monde physique que l’humain met en œuvre pour améliorer son quotidien sans jamais se satisfaire d’avoir abouti à quoi que ce soit qui mette un terme à sa recherche,
- les relations que l’humain entretient avec son environnement ici pour l’annihiler, et là pour le pérenniser, ailleurs pour trouver le moyen d’harmoniser les capacités de la nature avec les ambitions évolutives des êtres… humains,
- etc.
Un musée de l’humain se devrait de mettre en valeur la grandeur, la faiblesse, la fragilité, la combativité face à l’adversité, la noblesse de cœur, la grandeur d’âme, etc., etc. qui habitent les gens dans la grande diversité des caractères, des comportements, des façons d’être et de ressentir sur la même base commune de perception.
L’humain, c’est plus de 7 milliards d’individus différents, c’est plus de 7 milliards d’espèces, tout ne logera pas dans un musée…. Il sera donc un représentant très partiel du Réel humain, voire un représentant très partial…
On a encore du pain sur la planche…
A+