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La grêle et la neige

Publié le 21 juin 2013 par Patrick ROUSSEL

Les circonstances météo sur un axe Chambéry Genève de ce jeudi 20 juin 2013, me poussent à émettre une réflexion sur la différence grêle neige. (J’étais sous la grêle !!!)

On trouve dans la littérature beaucoup de renseignement sur la structure en pelure d’oignon du grêlon (Wiki Grêle) et la structure rayonnante de la neige (Wiki Neige).

Gare à la grêle car le grêlon agressif grave la carrosserie ! (Répéter 10 fois de plus en plus vite comme une averse de grêle)

La neige nous surprend généralement par :

l’ambiance de paix qu’elle dégage (voire de joie quand elle ne dure pas…),
sa légèreté, sa fantaisie propre et la fantaisie qu’elle engendre surtout chez les enfants,
son rayonnement ciselé généralement plan dans l’unicité du flocon,
ses agglomérats qui sont généralement d’un flegme étonnant,
son aspect gommant sur les accidents du paysage,
le silence qui entoure sa chute et la douceur du manteau qu’elle déroule, la vie qui se continue sous lui et les activité humaines extérieures qui s’inclinent,
l’enfant l’attrape du bout de la langue, et elle chatouille la peau,

La grêle est d’une autre trempe :

une violence presque frénétique,
de la brièveté, de la masse,
sa forme ronde en couches enveloppantes,
ses agglomérats difformes, monstrueux,
son aspect ravageur instantané (hachage),
sa violence sonore,
on fuit ses piqures douloureuses voire meurtrissantes,

Voilà deux mondes que tout oppose. Bien sûr la neige n’est pas toujours réjouissante mais elle détend quand elle commence à tomber : on fuit la pluie glaciale à 0°C, on sort voir ou on regarde tomber la neige à -1°C qui est sèche et est source d’émerveillement.

On s’inquiète de la durée au premier grêlon, on espère une couche blanche de neige au premier flocon (en espérant qu’elle nous gêne pas…).

On subit la grêle, on profite de la neige ; et la nature fait de même ! [Sous la neige, il y a protection des grands froids extérieurs et tant qu’elle ne fait pas masse par la fonte ou mouillage, la neige protège en laissant vivre une part de lumière, l’herbe qui ne gèle pas sous son manteau ne jaunit pas non plus…]

Nous voilà en présence de deux gestes totalement opposés sur tous les plans. Deux manifestations de la glace météorique (« qui tombe du ciel« ).

La grêle semble être une précipitation précipitée, accélérée, une masse qui descend après une souffrance de folie dans la masse nuageuse où elle a été formée violemment. Il y a quelque chose de lunaire, quelque chose qui prend, attire, fait corps.

La neige semble être une précipitation retenue, elle tombe malgré elle (sans doute à cause de Newton et l’idée de gravitation…). Il y a quelque chose de solaire dans cette manière qu’a le froid de prendre l’eau, de l’étendre en fins rayons, de lui faire oublier de se mettre en boule de se rassembler, chaque rameau qui pousse sur la branche se retient de tendre vers la boule massive tout en se donnant.

Prendre le moins de place possible pour le maximum de matière (même les agglomérats de grêlons se comblent d’eau qui gèle conférant à l’objet une tenue remarquable au choc de l’atterrissage) pour anéantir l’espace vivant de la forme (destruction) : voilà la grêle ! La grêle envahit l’espace, se approprie, s’en crée !

Prendre de l’espace, le maximum d’espace, avec le minimum de matière pour envelopper de légèreté (protection) : voilà la neige. La neige habite l’espace disponible.

Guerre et paix, l’eau solide ravageuse et l’eau solide bienfaitrice, une souffrance et une … bénédiction !

Leur blanc serait-il un point commun ?… Pas vraiment le grêlon éteint la lumière au sein de sa transparence, c’est un blanc d’opacité ; le flocon la réfléchit en tout sens, c’est un blanc d’éclat.

Le grêlon densifie, matérialise, fait effet de masse, rapidement ; le flocon cristallise, il se met en forme, lentement.

Notre monde est aussi ainsi… la tendance à la vie, la tendance à la masse.

Il y a notre énergie nucléaire, fondée sur l’instabilité des éléments massifs (uranium), nos recherches sur l’origine de la masse, l’élément « responsable » de la masse, de la force de gravitation, le fameux boson de Higgs, petite « boule »qui détiendrait l’essentiel de la masse… Il y a aussi ces graines (petites boules) auxquelles nous donnons une force de destruction (OGM)…. il y a aussi ces pépites qui remplissent nos réserves d’or… pépites refondues, calibrées, etc..

De l’autre côté (de quoi ? de la conscience peut-être…) il y a le vivant qui s’épanouit, rayonne, crée l’espace en se dégageant de la masse, en élevant la terre au-dessus de la Terre, s’imprègne de lumière, d’air et vit de légèreté.

Ne nous étonnons pas trop de notre civilisation qui détruit plus qu’elle ne construit (regardons de prêt ce qu’on construit…). Il y a des choix à faire… :
côté grêle ou côté neige ?

Il y a juste à côté de tout cela le chaos du climat qui pousse à revoir notre copie !

La vie est comme un miroir. Si tu lui souris, elle te renvoie ton image.
Louis NUCERA –
(merci à Juan B. pour cette citation)

A +

(Amusant : pendant le thème de mai sur le paradigme il est venu comme nécessaire de parler du nucléaire, et voilà que pendant le thème de juin sur le climat il est venu en ce jour de l’été, la nécessité de poser un regard synthétique sur un événement météorologique.)

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Par Patrick ROUSSEL

Chercheur goethéen en biologie et "physique du Vivant" et bien d'autres choses comme enseignant, acteur ou potentiellement conseiller en écologie (formé)

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