L’argumentation ci-dessous doit être considérée comme un complément à un autre billet : Art et science (ou l’inverse).
Dans le fameux réseau facebook je suis tombé sur cette question (enfin elle est venue vers le monde dont moi) proposée par YD :
Est ce que les mathématiques prouvent la véracité des théories ? Si on prend un tableau de l’art abstrait ou surréaliste on peut en étudier toutes ses formes et sa nature représentativement et mathématiquement, mais cela ne le rend pas réaliste, n’est ce pas ?
Faisons le point avec cette discussion
Une intervenante (AG) propose :
C’est sûr mais au moins ça a le mérite d’expliquer plus sûrement que de croire en des dieux créateurs qui de leurs mains ou pensées abradacadabra auraient créé le monde et à partir de ce dire en faire un dogme un être qui se permet de vouloir gouverner la vie des gens [… etc.]
Reprenant ce que je comprends de l’expression « croire en des dieux créateurs et en faire un dogme » je peux dire que ceci (la croyance) est effectivement surréaliste du point de vue mathématique et que donc AG a raison dans ce cadre.
Mais pour moi tout ce qui relève de la théorie du big-bang et l’évolutionnisme qui s’en suit n’est même pas surréaliste, c’est de la théorie qui relève d’une fantasmagorie qui tient par des mathématiques. Le créationnisme lui ne tient pas par des mathématiques et en ce sens il est plus proche d’un naturalisme surréaliste si je peux créer ce genre artistique. Il s’appuie culturellement sur une idée ancestrale devenue croyance alors que l’évolutionnisme affirme une idée qui s’impose fortement comme une loi du genre mais n’est en fait qu’une construction intellectuelle sur des bases inaccessibles en l’état à nos ancêtres (étude de l’infiniment grand et de l’infiniment petit doublée des observations de sciences naturelles parmi lesquelles géologie, paléontologie, biologie, physiologie.
En quelques mots :
- le créationnisme estime que ce qu’on perçoit est ainsi finit depuis l’origine, est né fini pourrais-je dire. C’est-à-dire que le scarabée bombardier (entre autres mais c’est une figure emblématique) a été pensé comme il est et n’a pas pu naître d’une suite évolutive.
- l’évolutionnisme pense à une sorte de suite (issue d’une source commune à tout l’élan matériel) de hasards heureux qui auraient permis à la nature de trouver l’équilibre que nous lui (re)connaissons, un peu comme si une tempête du siècle sur une décharge publique réussissait à assembler une machine à laver à partir de pièces éparses et non encore prévues pour être mises ensemble; et en plus une machine qui fonctionnerait tout seule, d’elle-même.
Le Réel transcende certainement ces deux dogmes et dépasse largement le réalisme que certaines mathématiques tente aussi de décrire.
Prenons un exemple : essayons de donner une image de la planète sur un plan (une carte). C’est impossible… aucun point de vue n’est satisfaisant puisque le Réel de la chose »planète » est appuyé sur une sphère… On peut déformer autant qu’on veut la seule image vraie est … la sphère. Il suffit de vider un œuf et de tenter de reproduire son aspect sur un plan, il roulera avec un point de contact mais on devine qu’aucun dessin ne nous satisfera autant que l’original.
Mathématiquement on peut faire des projections pour faire une animation mais au mieux ce sera sur une hémisphère… ou alors sans doute au plus juste on en fera une image elliptique : pole en largeur 0, équateur en largeur 40 et interpôle en distance 20 de manière à respecter les distances pour chaque parallèle (ellipse 1:2 dans la projection de Mollweide (1805)). L’image obtenue »parait » juste dans l’idée, donc d’un certain point de vue, mais elle est fausse dans sa représentation, dans la satisfaction de la sphère, absolument pas pratique pour partir en balade…(mais là, au 1/25000, la cartographie s’approche déjà nettement plus du Réel qui contient de son côté encore des milliards de subtilités dont elle ne peut rendre compte).
On lira volontiers et avec profit http://www.ades.cnrs.fr/tutoqgis/02_02_coord.php pour en savoir davantage sur la cartographie. Toujours est-il que le Réel dépasse à la fois notre perception et nos »projections ».
Le monde actuel fait état d’arrières-plans auxquels il a accès au fur et à mesure du développement de sa conscience intellectuelle avec le risque incommensurable de voir celle-ci engloutie dans une croyance bien plus terrible que les idées créationnistes…
Je m’explique : l’engrangement fantastique de données devient tel que la puissance cognitive de l’humain finit par se soumettre à la puissance analytique des ordinateurs où il n’y a aucune intelligence et encore moins de possibilité de connaissance.
Le créationniste est connecté à un monde dans une sorte de rêve en oubliant presque de constater, par exemple, que la forme-même de ses maisons a évolué, ou que les pucerons s’adaptent très rapidement aux traitement phytosanitaires.
Quant à l’évolutionniste, il se déconnecte par le biais d’interfaces qui le leurrent dans sa relation au monde… lui faisant miroiter une sorte de potentiel technologique susceptible de remplacer à terme sa propre puissance cognitive. On est mal parti !
Mais que font l’un et l’autre quand ils parlent d’évolution : ils s’attachent seul aspect physique (au sens premier de nature) du monde omettant par exemple le niveau de lien que l’humain possède avec le Réel selon les époques. Je veux dire par là que le moyen d’accès à la connaissance du monde n’a pas toujours été celui du monde contemporain et que les subtilité de la médecine chinoise par exemple ne sont pas nées de croyances rêveuses mais de perceptions bien manifestes d’un Réel qui aujourd’hui échappe »simplement » à la conscience humaine.
Et l’art dans tout ça ?
L’art est un moyen d’objectivation localisée (individuelle) du monde !
Le créationniste aime un art simple, représentatif, naïf du monde. l’évolutionniste pense que le singe jouant avec des pots de peinture crée une œuvre sensée (avec un sens) ou qu’il suffit de balancer un rapport mathématique dans une machine pour entendre chanter le relief d’une tranche de bois utilisé comme un CD !!! (voir https://vimeo.com/30501143) Cela peut être troublant mais est-ce un fait ?
L’art est-il un moyen de fantaisie créatrice ou bien est-il un moyen de connaissance ???
Voilà, le lien est bouclé vers l’article mentionné au début (Art et science (ou l’inverse))
Mais pour répondre à la question de YD sur Face Book (tout en haut), ce qui rend une œuvre réaliste c’est qu’elle »représente » un cheminement. Le seau de peinture balancé sera peut-être plaisant, voire beau, mais ne sera le signe de rien. Je ne dis pas qu’il faut de la pensée derrière une œuvre, je veux simplement dire qu’il faut une écoute, un accueil, un élan pour ce qui vient (inspiration). Ainsi l’œuvre, malgré les imperfections techniques de son auteur, ou malgré son effort à »montrer » son inspiration, sera bel et bien une œuvre avec un sens.
Les mathématiques ne peuvent pas saisir ce sens. Elles sont en arrière-plan de ce qui est pondérable. L’esprit ni le vivant ne semblent l’être. Oui bien sûr on simule très bien les jeu géométrique des plantes ou des coquillages mais observez bien : c’est de la mécanique. Il y a la même différence ente le travail de l’ordinateur et le réel qu’entre la photo du chat et le chat.