Imaginez :
Vous vous liez à ce que vous voyez, ce que vous approchez, et vous le transformez, un peu beaucoup, pas du tout (mais vous le reproduisez tout de même), et petit à petit, vous voyez autrement le monde.
Et les choses et les êtres deviennent plus beaux, plus grands pour vous parce que vous avez été touché(e), ému(e), mobilisé(e) dans votre âme. C’est bien.
Mais surtout les choses et les êtres deviennent plus beaux, plus grands PAR vous. Et l’autre commence alors à regarder le monde à sa manière grâce à votre manière de le voir parce que ce que vous avez fait d’un morceau de monde l’a touché.
C’est de l’art.
Quand ça touche, c’est qu’il y a un écho entre ce qui est à l’intérieur et ce qui vient de l’extérieur. Et parfois on ignore ce qu’on a à l’intérieur, il faut le percevoir comme venant du dehors. On a besoin d’entrer en résonance (et non en raisonnance) pour pouvoir lâcher et s’ouvrir : c’est l’émotion !
L’art crée la relation intime entre les êtres, ceux qui le pratiquent mais aussi tous les autres, ceux qui vont s’ouvrir, se transformer : s’éveiller.
L’art c’est la vie, c’est la joie de lire le monde pour le dynamiser, le révéler, le traduire dans la langue humaine.
L’art, c’est l’ouverture du cœur, son dévoilement.
Eh oui, l’art parle au cœur parce que l’art est langage du cœur… Un message qu’on perçoit comme artistique stimule la sensibilité, et il provoque des mouvements de sympathie ou d’antipathie ; il ne laisse pas indifférent.
Ce n’est pas pour rien que notre cœur est dans une cage ouverte…
Si ce n’était pas une cage il ne supporterait pas de rester enfermé et s’envolerait. Si ce n’était pas une cage le cœur ne verrait rien et, comme un certaine autre, il se contenterait de devoir se faire une idée du monde [oui, vous avez déjà fait le parallèle… on est ici sur un blog de science].
Mais justement, c’est une cage ! Une cage avec ses claires-voies. Et cette cage a une porte dont le cœur possède la clé, dont le cœur est la clé.
C’est un contresens diront les grincheux, la cage ne sert à rien ainsi ! Mais si, ça sert car de cette manière le cœur peut choisir d’aller au devant du monde quand ça lui chante et revenir se mettre à l’abri quand l’envie se fait sentir à lui de vouloir partager ce qu’il a connu.
La traduction, ou la simple mise en valeur, en évidence, en harmonie de quoi que ce soit est un langage artistique parfois bafouillé, parfois bredouillé, parfois magnifié.
Le cœur, c’est la capacité de parole libre (la parole vocalisée naît d’ailleurs à peu près à son niveau !). Et capacité de parole signifie bien entendu capacité d’écoute.
Parler, écouter… c’est la relation, le partage. Le cerveau par exemple n’a pas d’autre moyen que de passer par la parole (même écrite !) pour exprimer ce qu’il porte d’avis sur le monde ou la conception qu’il s’en fait ; mais pour la parole du cœur, c’est plus simple parce que c’est plus direct. Le cœur est plus près du geste : nos bras (qui sont libres) naissent de lui et il régule nos ardeurs (forces d’action).
Espace à claires-voies, espace à claire voix [cela ne marche sans doute qu’en français…], le cœur ne peut pas connaître de langage abscons ni de sabir torturé par un confinement sans ouverture. Le cœur ne connait pas et ne commet pas d’abstraction car il est en direct, en prise directe avec les choses, avec le monde, avec les êtres.
La relation-même qu’il crée avec une réaction chimique par exemple est plus riche que ce que la tête risque d’en faire. Le cœur met du vécu dans ce qu’il perçoit (il n’a pas strictement besoin des sens qui sont alors accessoires les bienvenus) et, par conséquence, il peut animer le vécu quand il agit. C’est l’art.
L’art est le geste du cœur pour écrire le monde vu par l’humanité en l’humain. C’est pourquoi la première chose que les humains ont extériorisée de ce qu’il percevait du monde a été un geste artistique, intimement artistique, chaleureusement artistique, et pas une … théorie (littéralement façon de voir). Les détails de l’animal se sont effacés derrière le simple geste, la ligne (la … pensée).
Et l’humain qu’il était… où est-il ? Presque pas d’autoportraits en comparaison du florilège animal : pas besoin de selfie !
« Je » dessine, et ainsi « je »parle à travers le temps. L’humain symbolisé suffit, comme le végétal d’ailleurs (autre grand absent). Juste reproduire ses mains, ce qui porte le geste, ce qui est encore un peu comme une cage, une cage toute ouverte qui peut se fermer quand elle veut, quand »je » veux, mais que je ne fais que chablonner (et charbonner).

Une autre image du blog auquel j’ai emprunté celle-ci possède un vif intérêt par rapport à cet article : On y voit un torse dont l’apparence extérieure est très animalisée ; au niveau du cœur, derrière des barreaux, j’y vois un monde, le monde ! Le monde est dans le cœur, à la place du cœur, non pas qu’il le remplace, mais qu’il le reproduit.
Il le reproduit justement parce que le cœur est dans une structure ouverte, il n’a pas besoin de s’en face une image, d’en créer un reflet pour l’analyser. Le cœur vit le monde, et quand il en parle, il ne peut le faire qu’avec art à travers une totale sincérité puisque c’est lui qu’il montre.
Laissons-nous porter vers le penser du cœur.
Il nous aidera mieux que tout à sauver le (notre) monde.
A+, il faut que j’aille respirer et me connecter (pour l’heure, c’est ma machine qui est connectée)…
Autres principales références où il est parlé du cœur dans mon blog de scIence :