
Se regarder les yeux dans les yeux, et se connecter, à soi par l’autre, et l’autre à lui-même par soi.
J’ai eu la joie immense de faire cet exercice et je ne peux que souhaiter à chacun de vivre cette expérience (avec un(e) inconnu(e) bien entendu).
On s’aperçoit de deux grandes choses :
- l’autre parle en silence, il(elle) se montre dans sa nudité, avec confiance, abandon,
- il(elle) vous renvoie une image de vous, êtes-vous dans la même confiance.
Pendant combien de temps peut-on faire cela ?
Peut-on ajouter l’intention ? Par exemple on bouge ensemble, rien que par le regard, on peut commencer par dire que l’un ou l’autre guide, puis plus personne, on écoute par les yeux, on dialogue, on impulse même chez l’autre le mouvement qu’on envisage
A & B sont connectés.
A veut bouger comme ci.
B accepte l’impulsion.
A suit le mouvement de B dans un mouvement qui vient de A
Ni suggestion de pensée, ni manipulation ! A et B restent eux-mêmes.
Je te reçois, tu me reçois. Je dialogue avec toi à un niveau plus détaché de la sphère physique que si nous le faisions avec la parole.
Ce qui naît alors entre deux êtres qui acceptent ce pas (et il est capital autant que fondamental qu’il y ait acceptation mutuelle) dépasse largement l’aspect extérieur de la rencontre de l’autre. C’est une communication qu’on peut qualifier d’animique voire peut-être de spirituelle quand on finit par avoir de l’habitude.
Le problème, à mon sens, est de ne pas vouloir manipuler l’autre en orientant l’intention vers vers un fais ci, fais ça. Tant qu’on ignore la substance qui passe entre les deux alors, foi d’expérience personnelle, c’est magique ; mais si l’on pense qu’on va maîtriser une part de l’autre, la protection spirituelle (appelons ça ainsi) empêche toute intrusion malsaine. Une victime de pervers(e) narcissique pourrait sans doute aller jusqu’à briser la chaine qui la retient si le(la) perverse acceptait d’établir cette connexion (mais il(elle) abandonnerait de fait et immédiatement tout ambition de perversion…).
Je ne crois pas que l’expérience fonctionne avec toute personne aussi profondément que dans les cas où existent déjà une relation animique réelle au-delà des apparences. Deux étrangers totalement étrangers l’un à l’autre établiront le contact, se découvriront dans ce regard, mais n’iront pas plus loin. Par contre s’il existe un lien entre les deux alors il risque fort d’être mis peut-être pas en évidence flagrante mais au moins en relief en ouvrant à une écoute pour ce qui peut venir de la rencontre, à travers cette rencontre vraie, rencontre déshabillée de toute barrière dès lors qu’on accepte l’expérience.
On entre ici par la grande porte dans une notion de karma pour reprendre ce terme emprunté au sanscrit… mais (ou « et ») la science aura bien du mal avec ses loupes à accéder à ce genre de notion que l’expérience pourtant validera directement comme une évidence, ou par de puissantes interrogations, ou encore par la nécessité, ou la simple remise en situation, de refaire l’expérience avec un degré d’ouverture plus haut !
Ce qui vient du dedans, de l’intériorité, vaut autant que l’expérience physique, surtout si elle n’est pas réalisable. L’intériorité ce n’est ni la réflexion ni l’acceptation dogmatique, c’est l’ouverture, la confiance en ce qui vient vers nous, l’intériorité c’est une invitation à l’écoute vraie, sanctuarisée, déshabillée d’un égo trop dans son apparence, dans un « je veux ». L’intériorité est de l’ordre du « Je suis ».
J’ai eu la joie immense de faire cet exercice, non, cette expérience et je ne peux que souhaiter à chacun de la vivre. Je l’ai faite plusieurs fois, suffisamment pour avoir matière à l’encourager à travers cet article.
2 réponses sur « Les yeux, portes pour l’âme »
Il y a un mot que je ne supporte pas en matière de relations, c’est le mot « connecté ». Tout le monde l’emploie pour évoquer les liens humains, mais « connecter » est un verbe « électrique » apparu avec la création de l’électricité et qui a une emprise déployée, avec l’informatique. Je préfère le verbe relier » lorsqu’il s’agit de relations avec le vivant dont le regard, porte de l’âme. Relier est vivant , c’est aimer ; connecter est le mouvement vers l’attribut de la mort.
Bonjour et merci.
J’ai la même sensation épidermique face à ce terme !