le fils de mes parents ?
Là est la question…
J’aurai aussi pu titrer
Γνῶθι σεαυτόν
(mais peu de gens auraient compris) car c’est un article ou l’on finira par comprendre que
je suis ET ne suis pas le fils de mes parents
Présentation du sujet
Contrairement au chat de Schrodinger qui nous interroge sur les états physiques [n’oublions pas que l’histoire de ce chat est simplement une expérience de pensée pour illustrer le concept de superposition quantique, une autre échelle que la nôtre], il ne s’agit pas d’une représentation mentale mais bien d’une expérience qui peut être quotidienne. [Ce fameux chat qu’on peut appeler Ulysse (Personne) est vivant et mort pour la réalité quantique, ce qu’il ne peut être pour la réalité commune pleine de « Quelqu’un »…]
Être et ne pas être le descendant de ses ascendants est une simple réalité à laquelle beaucoup de gens se confrontent, à laquelle d’autres font ce qu’ils peuvent pour l’ignorer, la fuir, vis à vis de laquelle d’autres enfin voudraient imposer leur nihilisme.
Le cœur du sujet
D’abord j’ai cet étrange sentiment que non je ne viens pas de mes parents et cela depuis bien avant que je sois en capacité de m’interroger sur le « qui suis-je ? ». Pas un doute, non, un sentiment. La biologie me dit que oui je suis bien le fils de mes géniteurs et que si j’ai des doutes je peux toujours payer pour faire analyser mon acide désoxyribonucléique afin le mettre en parallèle avec celui de mes deux parents biologiques (à fournir aussi pour l’analyse si ce n’est déjà fait par ailleurs).
Les connaissant, je sais que je suis leur fils à n’en pas douter, et que leurs gamètes à tous les deux ont contribué à faire en sorte que je puisse atteindre comme un espace de la conscience de moi ; mais pas de la conscience de Moi ! Et c’est là que ça coince, et qu’il faut se poser des questions.
Car étant l’enfant biologique de ses géniteurs, on ne peut pas trop douter que dans l’amour, la joie, le désir, le plaisir ou la douleur, voire le rejet ou la haine, la soumission par manque d’alternative ou la simple acceptation passive, on est tous le fruit des entrailles d’une femme et d’un homme même dans le cadre des couples unisexués.
La science me dit que j’ai [pré]vécu au grand maximum deux mois avec mon père (temps de vie du spermatozoïde) et pas loin d’une trentaine d’années avec ma mère sur le même critère (env. 400 000 ovules à la naissance dont env. 400 viendront à termes dont le mien évidemment). Autant dire que le modèle féminin est bien plus ancré en chacun de nous, collant rarement mal chez la femme, mais bizarrement fréquemment « troublant » ou presque totalement absent (invisible ? imperceptible ?) chez l’homme capable de glisser jusqu’au mâle le plus purement mâle (ou mal, je ne sais pas trop quoi écrire ici).
(En tout premier plan le féminin en nous tous semble résider dans notre sensibilité alors que c’est la force qui semble venir davantage de notre part masculine. Bref, cela fait peut-être cliché mais n’échappe pas à l’observation et à la méditation.
Il en va de l’humanité comme du Mont-Blanc : selon qu’on est valdôtain ou savoyard, on s’aveugle bien trop sur ce qu’on voit de là où l’on est et l’on prend rarement la hauteur nécessaire pour compléter notre « image » de la chose. Si on part de soi sans dépasser sa part « viande » alors l’humanité vite devient un fantôme, une idée, un truc pour BoBo, une utopie, une mascarade, une fantaisie, un simulacre de sacré, etc..
La science se préoccupe peu de ce genre de considération, elle préfère dire qu’on est des poussières d’étoiles [ça fait bien, une passé cosmique] et repousse de toute la puissance de son objectivité le matériellement insaisissable, ce qui lui simplifie la tâche [et rend la réalité bien ténue]. Alors poursuivons en lui laissant la parole.)
Quand le spermatozoïde de mon père est devenu actif à travers l’instant de libération éjaculatoire il a peut-être ensuite passé entre quelques minutes et un paquet d’heures (jusqu’à 3 jours dit-on, et au pire 5… lit-on) à chercher son âme sœur (attitude relativement féminine), voire l’attendre, et peut-être à se disputer pour remporter le trophée (c’est donc bien un gamète masculin…) en se laissant accueillir (part féminine) goulûment (tendance masculine) par l’ovocyte.
Dans une routine mensualisée, ma mère avait certainement éjecté d’un ovaire, sans jouissance (et sans rapport avec l’amour direct mais plutôt avec un Amour maternel quelque part au fond d’elle – ce qui ne signifie pas que les femmes sont là pour ça), un ovocyte qui était parti pour un court voyage tranquille (durée de vie de 12 à 24h, à prendre ou à laisser) avec l’éventuelle perspective de donner du travail pour 9 mois in situ et pour une durée indéterminée ex situ, tout dépendant de la présence efficace ou non d’un spermatozoïde plus chanceux qu’un autre. Si pas de prétendant : poubelle recyclage – rien ne se perd dans la nature.
Voilà, c’est tout ; et j’ai eu comme ça un corps de chair et d’os, et je sais d’où il vient, je sais donc d’où vient cette part de moi.
Puis mes parents ont ajouté des pans culturaux à une part plus subtile de moi (non, je refuse de dire que tout cela s’installe dans le confort obscur de mon cerveau), et ensuite l’école a fait la même chose (elle, elle a bien tenté de forcer la chose pour imprégner ma matière grise, mais heureusement elle a eu du mal : trop rêveur disait-elle), puis des ami.e.s ont fait de même (sans préoccupation du tout de mon cerveau). Tout cela a participé à forger ce qu’on connaît de moi….
Mais Moi (quand je dis « Je »), est-ce que ça correspond à ce qu’on perçoit et dit de moi ? Non, je ne crois pas, je sais même que non… Bien sûr, Je ne Me suis pas défini pour moi-même, mais je suis le mieux placé pour sentir que l’image qu’on me renvoie de moi n’est pas Moi. Je suis comme l’acteur qu’on voit toujours dans un rôle qui nous a marqué et dont on n’a pas envie de voir autre chose (ainsi va par exemple pour le gros dur Lino Ventura qui sous sa carapace avait une âme en or – les deux premières minutes de la vidéo en lien sur le nom place à merveille le décor de ce billet de blog !).
Alors c’est bien beau de savoir tout ce que fait la biochimie génomique mais Moi je n’ai rien à voir comme expression de ça. Mon hérédité est comme une sorte de balance entre des aptitudes et des lacunes physiologiques, c’est ma part corporelle, le lien à la Terre, Ma pesanteur, Ma densité, Mon inerte… Et encore personne ne saura jamais ce qui vient seulement de moi mieux que Moi jusque dans mon état physiologique.

Image empruntée à Hannah Evans-Turner sur Pinterest
On peut depuis longtemps chercher chez les parents les raisons ou causes de trucs qui vont mal mais on sait même maintenant que les gènes des parents sont issus des gènes de leurs parents, … etc.. Et toc, on oublie encore ce Moi, seul véritable moteur ou impulseur de ma vie. Je suis entré dans Ma vie avec l’aide de mes géniteurs… oui, on devrait dire ça. Ma plus grande certitude c’est que je suis un être humain [le billet de blog suivant complètera la réflexion].
Or la science fait fi de cette expérience strictement personnelle de soi en tant qu’être ; voire, dans son incertitude subjective, elle le nie même puisque cet être ne se révèle pas en tant qu’obje[c]t dans le physique que ce soit sous le microscope ou au fond des éprouvettes et autres boites de Petri, ou, disons, tant que notre interprétation de ce qu’on y voit découle d’une pensée logique mais purement mécaniste. C’est comme si le chercheur ne pensait, ne savait, ne sentait, ne comprenait rien de lui alors qu’en tant qu’observateur il va jusqu’à être à la source de sa démarche !
Mais Moi, je me révèle bien dans le physique par mes actions, mes intentions, et Vous aussi je pense. Et c’est ça qu’on doit commencer à prendre en compte pour toute réflexion…
L’origine de cette réflexion plus métaphysique qu’évolutionniste remonte à une émission de LSD, la série documentaire sur France-Culture qui traitait de … l’intelligence et de notre difficulté à la définir. Elle est aussi venue de la guerre dans le Dombass où des victimes d’exaction évoquaient la blessure dans leur humanité face à une inhumanité des forces russes. La planète a mal à son climat, c’est un bémol par rapport à ce qu’elle a mal dans l’humanité qu’elle abrite du fait même de l’ignorance chez cette humanité de ce qu’elle représente pour elle-même.
On ne peut plus tolérer que la recherche scientifique s’aveugle sur l’objet physique et biochimique, ou croit à peine au-delà du biochimique que tout réside dans le génomique ! Nous avons un sérieux pas de côté à faire pour retrouver une meilleure voie vers l’avenir.
Humain, connais-toi toi même… Γνῶθι σεαυτόν
ainsi tu connaîtras … etc..
PLUS (entre autres infinies possibilités)
- 1) Une vidéo qui est une simple proposition de questionnement sur le sujet sans avoir à aller chez Platon ou Socrate. Se connaître soi-même ne peut correspondre à un schéma à suivre, c’est bien plus large que ce que la logique ou l’intelligence sont capables d’embrasser.
- 2) Entre Platon et Lenoir… une part de notre culture historique. Voici un texte suffisamment sibyllin si on lui colle à la peau et qui est à méditer en oubliant (donc) tous les préjugés dogmatiquement religieux susceptibles d’entraver la méditation… :
« Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (nom qui signifie envoyé). Il y alla, se lava, et s’en retourna voyant clair. Ses voisins et ceux qui auparavant l’avaient connu comme un mendiant disaient : N’est-ce pas là celui qui se tenait assis et qui mendiait ? Les uns disaient : C’est lui. D’autres disaient : Non, mais il lui ressemble. Et lui-même disait : C’est moi. Ils lui dirent donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? Il répondit : L’Homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, a oint mes yeux, et m’a dit : Va au réservoir de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et j’ai recouvré la vue. Ils lui dirent : Où est cet homme ? Il répondit : Je ne sais. »
Évangile du Christ Jésus selon Saint Jean, chapitre 9, versets 1 à 12, trad. Louis Segond